Arch Enemy est l'exemple typique de groupes que les fans de metal extrême adorent critiquer et lyncher.
Pas facile d'évoluer dans la sphère des musiques dites extrêmes dès lors que le groupe remporte un franc (et mérité) succès sur tous les continents.
Pas facile d'être critiqués par ceux qui vous encensaient encore quelques années auparavant.
Pas facile de changer plusieurs fois de vocalistes et réussir à mener le groupe toujours plus haut à chaque fois...
Pas facile, mais Arch Enemy y est parvenu.
Fidèle depuis plus de vingt ans à Century Media, le label qui l'a vu débuter, le groupe nous livre en ce mois de septembre 2017 son dixième album studio, le bien nommé « Will To Power ».
On a l'impression que le groupe ne s'arrête jamais, car à peine le cycle de tournée pour l'album précédent, « War Eternal », terminé qu'il est déjà en studio pour donner naissance à son successeur.
Il s'agit ici du second album studio (auquel s'ajoute le E.P « Stolen Life » et le DVD live « As The Stages Burn ») enregistré avec Alissa White-Gluz au micro, et le premier enregistrement longue durée avec l'ancien guitariste prodige de Nevermore : Jeff Loomis.
Servis par une production énorme, concoctés par le gourou scandinave Jens Bogren, les dix titres (plus une intro et un interlude) sont autant de véritables bombes.
Une fois le disque dans la platine, plus moyen de l'en enlever.
« The Race », morceau dans la plus pure tradition du groupe et portant bougrement bien son nom, déboule après une intro progressive qui prépare l'auditeur à un moment de réelle jouissance auditive.
Les amateurs du groupe seront à la fois ravis et surpris par cet album. Ravis d'entendre que le groupe n'a absolument pas changé de style et propose toujours un death mélodique de grande qualité, et surpris par les récentes explorations créatives menées.
Parlons-en.
Ce nouvel Arch Enemy renferme ce que Michael Amott appelle lui-même la première ballade écrite par le groupe « Reason To Believe ».
Choix revendiqué et assumé, car au bout de dix albums, le groupe a largement les moyens de tenter des choses inhabituelles et d'oser s'aventurer vers un registre moins évident qui risque de faire grincer des dents les moins ouverts d'esprit.
Le spectre vocal d'Alissa étant assez phénoménal, elle se permet ici de chanter en voix claire, et n'a absolument pas à rougir de sa prestation tant la maîtrise est parfaite. Sur certains passages, son grain de voix est parfois proche de celui de Sandra Nasic de Guano Apes.
Elle module parfaitement sa voix et elle sait parfaitement en nuancer les variations.
« The World Is Yours » et « The Eagle Flies Alone », les deux vidéos dévoilées avant la sortie du disque sont également de grosses pierres angulaires du disque.
Le premier se distingue en mettant en avant la virtuosité de la paire Amott / Loomis qui effectue ici un véritable travail d'orfèvre tout en prenant soin de ne jamais tomber dans la démonstration comme c'est bien trop souvent le cas avec des guitaristes de talent. Le second est porté par un riff que ne renierait pas un certain Amon Amarth.
Le tout est appuyé par une section rythmique métronomique, en place ici depuis quasiment vingt ans.
Les automatismes sont là, la machine est hyper bien huilée et toutes ces innombrables années ensemble sur la route ne font que renforcer la cohésion entre les piliers du groupe.
L'apport de Jeff Loomis est une indéniable plus-value pour la musique de Arch Enemy et malgré le fait que la composition des morceaux soit la chasse gardée du sieur Amott, chacune de ses interventions parvient à les sublimer grâce à ce toucher et ce feeling unique et reconnaissable immédiatement pour les initiés.
Pour que le chef-d'œuvre soit parfait, il fallait que la pochette qui devait illustrer l'album suive. Je tenais absolument à en référer ici tant l'illustration est formidable. Ell est l'œuvre d'Alex Reisfar, jeune peintre américain, natif de Portland.
Elle reflète parfaitement ce que peut être l'ambition humaine. Une épée à double tranchant pouvant évoquer à la fois quelque chose de beau et créatif pouvant se transformer en un je-ne-sais-quoi de sombre et puissant.
Je n'irai pas par quatre chemins en disant que cette nouvelle offrande du Arch Enemy version 3.0 est tout bonnement leur meilleur album à ce jour, et sans conteste l'un des prétendants au titre d'album de l'année 2017, rien de moins.