The Mission est un groupe Anglais de rock gothique formé en 1986 à Leeds par Wayne Hussey et Craig Adams, deux anciens membres du groupe « The Sisters of Mercy ». C’est bien cette année-là que les deux comparses décidèrent de former leur propre groupe.
Notons pour la petite histoire que Wayne et Craig souhaitaient baptiser leur nouveau projet du nom de « The Sisterhood », histoire de bien emmerder leur ancien camarade, Andrew Eldritch, qui fort de sa victoire juridique sur la propriété de ce nom, amena les révoltés du « Sisters of Mercy » à opter pour un autre nom. Si « The Mission » fut l’option, décidément, pas de bol, ils furent contraints d’ajouter « UK » vu qu’un groupe du même nom sévissait déjà dans les States.
Peu importe ces pérégrinations juridiques et les motifs réels de ce nouveau départ (N.D.L.R. : ne comptez pas sur moi pour critiquer les Sisters of Mercy) le groupe s’étoffa d’un autre guitariste, Simon Hinkler et du batteur de Red Lorry Yellow Lorry, Mick Brown.
La sauce prend très vite puisque leurs 2 premiers singles vont cartonner dans les charts.
Nous découvrions à l’époque un tout autre son que ce qu’ils firent aux côtés d’Andrew, on revenait dans une ambiance sonnant bien rock gothique comme on aimait à l’époque. Le premier album « Gods Own Medicine » sort la même année et récolte un bon succès.
Les tournées s’enchainent.
1987, un album compile « The First Chapter » plus tard, ainsi que le très agréable « Children » sortant en 1988, le groupe connaît ses heures de gloires. C’est clairement une référence.
En 1990, 2 albums supplémentaires sortent « Carved In Sand » et « Grains of Sand ». Petit changement dans le line-up avec le départ de Simon. Pour l’avoir réécouté, ce « Carved in Sand » était bien énergique, plus mature que le premier album. L’on sentait le métier, le socle d’une solide expérience.
Deux ans plus tard, nouvel album, « Masque » qui sonnait plus Simple Minds (écoutez donc « Shades of Green Part 2 »). Craig s’en ira rejoindre une autre formation prestigieuse, The Cult.
Sur les albums sortis en 1995 « Neverland » et en 1996 « Blue », c’est un tout autre line-up qui en est à l’origine. C’est assez exceptionnel vu l’importance du rôle joué par Craig. The Mission continuait mais cela allait être difficile sur la durée et ce qui devait arriver, arriva, séparation, fin du projet.
Il est des destins que l’on ne peut briser lorsqu’une certaine aura de vie existe, et en 2001, l’électro encéphalogramme reprend ses tracés. Un 9ème album est au programme, « Aura », terminant à la première place dans le charts Teuton. Nous retrouvons un « Mission » plus moderne, toujours dans ce registre spécifique. On en profite pour glisser quelques morceaux plus anciens pour constituer le 10ème album « Aural Delight » en 2002.
En 2007, sort « God is a Bullet » qui nous montre toute la maîtrise du groupe, mais un rock qui m’apparaît « Popisé » et plus lumineux que ténébreux. Un an plus tard, c’est décidé, le projet n’aura plus d’avenir. Le tour artistique était fait.
4 ans plus tard, surprise, le retour du retour de The Mission est à l’ordre du jour. S’en suivra un nouvel album en septembre 2013 « The Brightest Light » avec Craig, Simon et Mike Kelly à la batterie, ayant rejoint le groupe en 2011. Rooohhh, je retrouvais les ténèbres dès les premières notes, me rappelant Bauhaus. Et ce chant plus torturé.
Et voici que tombe dans l’escarcelle, « Another Fall From Grace », 30 années après les premiers pas des missionnaires, un 13ème album (je ne compte pas celui de la carrière solo de Wayne).
Nous retrouvons Wayne à la production et messire Tim Palmer (Pearl Jam’s, Robert Plant, Ozzy Osbourne,…)
Pour cet anniversaire, on invite quelques solides références pour appuyer les chants : Gary Numan (monument culte à lui seul), Martin Gore, le blondinet de Depeche Mode, Ville Valo de Him, Julianne Regan d’All About Eve ainsi que la charmante Evi Vine (Ecoutez donc le sublime « For The Dreamers »).
Nous nous accordons sur la qualité des invités pour souffler les bougies du gâteau, mais ledit gâteau, est-il bon ?
Notre cher Wayne voulait refaire un revival intermédiaire entre sa période Sisters of Mercy et son premier album chez The Mission.
Après moult écoutes, je puis vous garantir que le produit est de qualité même s’il présente des saveurs très différentes.
Nous démarrons sur le titre éponyme de l’album qui dans son riffing sonne un peu Sisters Of Mercy dès les premières notes (ceci n’est pas un reproche de ma part, c’est à prendre au sens positif) pour ensuite enrichir l’ensemble. Le chant de Wayne est excellent, je retrouve la classe des Stranglers. C’est super prenant. Le refrain est un peu éthéré, ce qui laisse une excellente impression. Le timbre du chant a évolué, il est plus grave mais plus maîtrisé. L’aspect mélodique est travaillé et du coup, on ne se trouve pas dans un espace de caducité.
Le second morceau, « Met-Amor-Phosis », oh ce second morceau, qu’il est surprenant, hyper mélodique, un refrain génial avec la complicité de Messire Valo (Him), un véritable hit qui plait.
« Within the Deepest Darkness (Fearful) » nous ramène dans un espace bien moins lumineux, tout en restant teinté de mélodicité. Ce morceau est plus profond. Le chant se calibre à merveille dans l’esprit musical qui se dégage. Cette fois, pas de gros refrain et ça ne choque pas, on reste vraiment dans une linéarité cohérente. Un bien beau moment proposé là.
S’ensuit « Blood on the Road » qui nous replonge dans ce que le groupe a déjà fait. Le son est tout bon. Je retrouve aussi l’aspect Pop de « God is Bullet » et découvre un refrain prenant, poignant.
« Can't See the Ocean for the Rain » s’illumine, je crois du fond de chant de Dame Evi Vine, sur un morceau plus orienté Rock cette fois et bien soutenu dans la rythmique. Le travail mélodique est bien conçu, on trouve des effets sonores qui vous font planer.
Sur « Tyranny of Secrets », surgi de nulle part, nous sommes véritablement replongés dans l’âme du groupe telle qu’elle était à sa genèse. Le chant est plus agressif, on monte en puissance. Quelle explosion dans le refrain…et ces murmures qui donnent un bref retour au calme, cela affine encore plus la galette.
7ème piste, « Never's Longer than Forever » me rappelle l’univers de Cocteau Twins, et ces chœurs féériques qui rabotent les petites aspérités de l’ensemble pour en constituer un produit bien propre, vous touchant la conscience en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire.
Sur « Bullets and Bayonets », c’est la rythmique qui me surprend et ce son typé Oriental, vous donne de l’altitude, un regard méta. Ceci dit, c’est surprenant car je ne retrouve pas du tout la griffe de The Mission mais peu importe, ce morceau est bien sympa, il se distingue par le caractère innovant.
« Valaam » petit interlude d’1 minute, m’apparaît plus spirituel, plus introspectif et amorce l’arrivée de « Jade », 10ème morceau qui constitue une perle de cet album. De la batterie bien dosée, les peaux quasiment caressées par les baguettes, au chant plus orienté de feu romantique ponctué de guitares vous donnant des mélodies plus cristallines. Je pense qu’on tient là le moment phare.
Voilà que fuse « Only You and You Alone » qui nous promène pendant 7 minutes sur un chemin bien dégagé, pas trop empreint d’aménagement mélodique, on est ici dans quelque chose de plus épuré, ce qui va permettre de dégager le chant. Je retrouve une qualité de chant similaire au remarquable « Alive and Kickin » de Simple Minds.
L’album se termine sur « Phantom Pain », véritable transposition de l’état d’esprit de Wayne, catharsis des maux anciens mais aussi, espace tributaire de la sagesse emmagasinée et hantant sans doute l’artiste. Ce morceau est d’un calme non dérangeant jusqu’à la 3ème minute où il offre une petite accélération de bon aloi. Des instruments cuivrés viennent enrober cet univers protecteur pour y monter la température mais aussi pour dégager une forme de quintessence dans le sentiment chanté, mi- mélancolique, mi- torturé tout en donnant aussi l’impression de grande quiétude. Que ce morceau soit bien beau, est une certitude.
Cher lecteur, le gâteau d’anniversaire est bon. On y trouve quelques fruits mais aussi une bonne dose de chocolat pur au goût bien amer. Le produit est bien ficelé.
L’anniversaire me semble être une réussite.
Ne passez pas à côté de cette sortie, vous pouvez être touché et mieux encore, partager avec un être cher cette félicité qui vous envahira. Je pense que nos femmes devraient fortement être subjuguées par le résultat.
Je pense que c’est l’album de la sagesse artistique, celui nous offrant des paysages variés et colorés de sentiments bien divers.
Il nous montre aussi ce qu’est briller dans les ténèbres lorsque des artistes ont gardé en vie un projet trentenaire, qui de toute évidence, possède encore une âme.