DELUGE est un groupe français originaire de Lorraine (Metz) qui a décidé en 2013 de s'investir musicalement dans un style Black Metal/Post Hardcore. Le quintette composé de Maxime FEBVET au chant, Richard de Mello et François-Thibaut HORDE aux guitares, Frédéric FRANCZAK à la basse et Benjamin MARCHAL derrière les fûts nous livre ici un premier album dont le thème principal est l'eau. Cette passion pour cet élément se ressentira tout au long des 55 minutes de l'album étalées sur 9 titres mixés par Joey STURGIS (Born Of Osiris, Oceano, The Acacia Strain) et Christophe EDRICH (Hacride, Clone) et ce jusque sur l'artwork signé METASTAZIS dont le bleu vous attire vers une machoire aux dents acérés. Vous l'aurez compris ou vous le comprendrez lorsque vous aurez écouté l'album (ce que je vous conseille vivement), DELUGE n'est pas là pour vous embarquer sur une croisière au long fleuve tranquille mais plutôt pour déverser une tempête diluvienne après laquelle il n'y aura pas de beau temps.
Après l' écoute de l'album, deux choses sont remarquables. Tout d'abord la présence permanente de l'eau. Elle sera le fil conducteur de AETHER tout au long des 55' sous forme de pluie et d'orage grondant au loin et ce dès le 1er intermède du 1er morceau « Avalanche ». On retrouvera cet effet à mi parcours de chacune des compositions des lorrains et entre chaque piste. Seule « Vide » fera une légère entorse à la règle en débutant par le bruit des vagues s'écrasant sur la plage et par une narration du texte en anglais alors que tout l'album est hurlé en français.
Et c'est ce 2ème point qui est remarquable puisque tous les textes de AETHER sont écrits dans la langue de Molière créant ainsi plus d'impact sur le côté mélancolique des compositions. Le choix du style musical est également bien approprié. Chacun des titres de l'album est enclin à un black métal brutal et dévastateur avec toujours un intermède plus calme mais pas apaisant pour autant (« Avalanche », « Appâts » , « Mélas Kholé », « Houle », « Bruine »).
Le choix des instruments et des riffs de cette guitare au son clair et vibrant et dérangeant voire oppressant. On pense trouver le calme après la tempête et il n'en est rien puisque chaque morceau nous enfonce encore plus dans les ténèbres. « Vide » semble nous amener vers le beau temps par son introduction « vagues s'écrasant sur la plage » et le léger piaillement d'oiseaux mais rapidement le rythme ténébreux et brutal du black métal nous ramènera à la réalité d'AETHER qui n'offre aucun espoir de lumière.
Deux morceaux se démarqueront de toute cette bestialité obscure : « Klarträumer » qui est purement instrumental et dont la moitié des 9'29'' est interprété à la guitare au son cristallin légèrement vibrant et au piano sur fond de pluie et de tonnerre grondant au loin pour un effet glauque et mélancolique réussi. Malgré l'ajout des guitares au son électrique aux riffs acérés et des blasts rapides des 5' restantes, l'ambiance restera pesante. Et « Hypoxie » qui reprendra l' esprit de « Klarträumer » avec sa propre mélodie et du texte.
Pour interpréter ces 9 titres (ou plutôt 8 si l'on ne tient pas compte du titre instrumental), Maxime fera le choix d'une voix plus hardcore que black métalleuse avec un chant hurlé et monocorde accentuant ainsi la froideur de l'album.
Par ce premier album réussi, DELUGE se taille une place de choix dans le Black Metal français. Avec des textes percutants et une musique en cesse évolution, le combo lorrain nous embarque dans un monde où obscurité et mélancolie sont les maîtres mots d'un univers gris et glacial. Anibal Bérith