« Acts of Fear and Love » est un opus réussi, qui mélange avec aise le punk et le rock, le calme et le pétage de plombs, tout en restant un manifeste social, comme se doit de l'être tout bon album punk.
On aurait dit que tout un groupe, dans sa composition classique de 4-5 musiciens, s'emploie à créer cette musique entre le punk et le rock, typiquement british. Il ne s'agit en réalité que d'un duo : Laurie Vincent (guitare, basse, vocal), et Isaac Holman (batterie, vocal). Superfecta, le band punk-rock, c'est cela : de la musique underground dont on aurait dit qu'elle a été créée dans un garage quelque part en Angleterre, et c'est ce qui fait son charme. Le groupe a sorti son troisième album, « Acts of Fear and Love », le 17 août dernier, chez Virgin EMI Records.
« Cut and Run» rend immédiatement nostalgique des Green Days à leurs débuts : le même son déchiré, la batterie et les griffes de la guitare qui se rejoignent dans cette même intention, la même envie de provoc' allant jusqu'à placer des sonorités fausses et volontairement agaçantes dans le corps du morceau. Surtout, la même envie de faire de la musique qui assumerait de faire face à la société. Les premières notes de «Daddy» font carrément penser au rock des années 1980 : on commence sur une guitare et un vocal posés. Une tendance qui se poursuit, dans une dimension très intimiste qui laisse une impression nouvelle mais bonne d'une performance rock acoustique. Malgré l'instru posée, le vocal demeure fidèle à une tendance rock. Chose qui se confirme avec « Magnolia», on est dans un punk-rock qui ne freine jamais, du début à la fin, telle une version plus grunge de Sum 41. Guitares à fond, rythme déchiré et un vocal qui passe du calme acoustique au pétage général de plombs : un morceau très hooligan et du punk-rock de qualité.
On passe à un rock plus classique dans «Artificial Intelligence», qui n'en demeure pas moins dark. Malgré un rythme ralenti, le groupe reste fidèle à cette ambiance qui menace d'exploser à tout moment, ce qui donne un son entre le punk et le rock très réussi, à une dimension quasi-fantastique. « Bug » est une sorte de retour aux sources : respectant les codes d'une performance punk, les notes plus classiques sont également présentes, faisant du morceau une dédicace aussi bien au punk qu'au rock. La provoc' toujours présente, on se croirait vraiment dans un renouveau de Sum 41, mais le son reste clairement original, et surtout, mélodique. « The Lives They Wish They Had » est un morceau aussi punk qu'on puisse se l'imaginer : de la provoc' mélangée à du rock et à un rythme engagé, un vocal qui a l'air de dicter, un refrain simple mais socialement juste, des guitares qui sautent presque vers la fin, un anti-hymne à la société moderne en somme.
L'intro de « Photo Opportunity » change de registre : un rythme plutôt posé, mais qui n'est jamais plat, et un morceau qui mélange avec succès une performance plutôt acoustique et une instru lourde et bien orchestrée. « Chokehold » est l'un des titres les plus fidèles au punk de l'album, tant par un vocal qui ose que par l'instru qui sonne comme si elle a été arrangée dans un bon vieux garage. Malgré un rythme assez basique, la dimension old-school en fait un titre qui mérite certainement de l'attention. Le titre éponyme de l'album, on rentre dans une sorte de conversation avec les chanteurs dans « Acts of Fear and Love ». La tonalité est plutôt calme, tout comme le vocal, mais le refrain reste fidèle à la dimension punk-rock. « Acts of Fear and Love » est un opus réussi, qui mélange avec aise le punk et le rock, le calme et le pétage de plombs, tout en restant un manifeste social, comme se doit de l'être tout bon album punk.