Via le célèbre label français Season of Mist, le quatuor américain Abysmal Dawn mené depuis 2003 par Charles Elliott, nous dévoile sa cinquième galette intitulée Phylogenesis. Doté d'un artwork associant Sci-Fi et horreur, c'est sur près de 40 minutes et 8 pistes que le groupe va cracher sa rage de plus en plus hargneuse au fil de sa discographie.

Associant death metal old school et death moderne à tendance atmosphérique, le combo a durci son style au fil de sa progression affirmant aujourd'hui une musique brutale parsemée de plans progressifs, au tempo ravageur et aux riffs incisifs remarquables.

C'est sur ce constat que je découvre le cinquième méfait des américains qui débute sauvagement par 'Mundane Existence'. Indiquant la voie suivi par les quatre hommes originaires de Los Angeles, on sent rapidement que l'album offre des compositions denses et violentes au rythme exacerbé par les frappes du talentueux batteur James Coppolino arrivé en 2016 et dont c'est la première participation à un album studio du groupe, tout comme le second guitariste Vito Petroni.

Absent de l'actualité Metal pour cause de tournées, de contraintes personnelles et de composition de ce nouvel opus, Abysmal Dawn n'a rien délivré depuis le précédent opus "Obsolescence" paru il y a 6 ans, en 2014.

Globalement, le disque est puissant et les compositions complexes réussissant le savant mélange des racines old school et les touches modernes parfaitement maîtrisées sans risquer de tomber dans la démonstration comme cela peut se passer en tech-death. Et c'est là toute l'intelligence du groupe, à mon sens, cette faculté de moderniser une musique qui se veut soit old school, soit brutale, soit technique ! Abysmal Dawn démontre le contraire en associant toutes ces particularités faisant de leur Death Metal, quelque chose d'unique, accessible pour les néophytes et accrocheur pour les puristes.

Ainsi, chaque titre à son lot de "chainsaw riffs" de la rythmique, de soli du lead, d'une basse qui groove et de blast beats dévastateurs pour emballer le beau cadeau que nous fait le quatuor américian ( 'Mundane Existence', 'The Path of the Totalitarian', 'A Speck in the Fabric of Eternity'). On soulignera la maîtrise du chant du frontman et son growl caverneux parfaitement positionné et scandant son texte à haute et intelligible voix même si ça va (très) vite !

On retrouve le côté progressif cher au leader sur l'excellent hypnotique 'Coerced Evolution' ou le fameux 'Soul-Sick Nation' au rythme lancinant qui ne démarre jamais, dont la partie guitare est confiée au talentueux Fredrik Folkare (Unleashed, Firespawn).

Fan du groupe mythique Death dont on peut sentir l'inspiration profonde sur les premiers albums de la formation, suivant la version que vous acquerrez, le groupe n'hésite pas à offrir une cover de 'Flattening of Emotions', le titre introductif de l'album Human, fidèle à l'original, la brutalité en plus, la magnifiant dans un style plus actuel .

Avec ce cinquième opus, Abysmal Dawn gagne en technicité en distillant un album bien abouti et fort bien produit par son leader, Charles Elliott. On ressent une cohérence immédiate dans l'enchainement de la tracklist; toutefois, plusieurs lectures sont indispensables pour cerner toutes les subtilités qu'offrent "Phylogenesis" et l'appréhender dans son intégralité. Pas très long, l'exercice est facile et la qualité du support fait que le plaisir est au rendez-vous. Hâte de voir l'interprétation live !