Blood Incantation, quatuor formé à Denver en 2011 et auteur de deux albums remarquables, n’avait pas manqué de surprendre son auditoire avec 'Timewave Zero', long trip atmosphérique dénué de toute sonorité métallique et qui renvoyait à la scène expérimentale des années 70, Tangerine Dream en tête.
Après un 'Luminescent Bridge' au gout de trop peu, le combo interstellaire nous revient aujourd’hui avec ''Absolute Elsewhere'', plus long disque du gang à ce jour, au concept science-fictionnel assez ambitieux. Composé de deux titres pour 45 minutes de musique, ce nouvel opus tire son titre d’un collectif de rock progressif des seventies, emmené à l’époque par le batteur de King Crimson, Bill Bruford.
Enregistré aux fameux Hansa Tonstudios de Berlin par le producteur Arthur Rizk (Power Trip, Kreator et Wayfarer), l’album accueille quelques invités de marque dont Niclas Malmqvist (Hällas) aux claviers et mellotrons et Thorsten Quäschning (Tangerine Dream, tiens, tiens) aux programmations. L’ex Necros Christos Malte Gericke vient enrichir les parties vocales avec quelques lignes de chant dans la langue de Goethe.
L’œuvre, qui mélange death US pur jus et rock progressif de la grande époque, pourrait sembler au premier abord antithétique. Et pourtant, la magie opère dès les premières minutes de 'The Stargate', avec ces blasts furieux qui laissent subitement place à une plage éthérée nappée de claviers vintage, avant que des guitares torturées ne s’ajoutent à l’ensemble, créant un maelstrom sonore inédit. La production, ample, donne au chant ultra grave de Paul Riedl, une sensation particulière, à la fois profonde et aérienne. Les effets sonores, nombreux, habillent les structures metal sans pour autant les amoindrir. Il faut reconnaitre aux Américains un énorme travail de composition, les ingrédients, intelligemment dosés, donnant un met sucré/salé des plus subtils. Bien sûr, l’ombre de Pink Floyd et King Crimson plane régulièrement sur les passages les plus prog ('The Message', en particulier) et l’on peut sentir ici ou là des effluves post-rock. Brutal mais jamais dénué de mélodie, ce death de l’espace doit s’appréhender via plusieurs écoutes, les subtilités du disque se dévoilant au fur et à mesure.
Dotée d’un superbe artwork signé Steve R. Dodd, cette cuvée 2024 sera disponible en format mediabook Deluxe incluant le documentaire ''All Gates Open : In Search Of Absolute Elsewhere'', le maxi-single 'Luminescent Bridges' (pour la première fois sur support physique) et le disque au format Dolby Atmos 5.1.
Un album à déguster de préférence au casque et dans une totale obscurité pour une immersion totale.