Ce retour d'A Pale Horse Named Death était attendu et c'est une véritable réussite aussi bien sur le fond que sur la forme, « When The World Becomes Undone » est sublime, tout simplement
Il aura fallu attendre presque six ans avant qu'A Pale Horse Named Death offre un successeur à « Lay My Soul To Waste », cela peut paraitre long, mais la vie de Sal Abruscato n'a malheureusement pas été de tout repos. Entre graves problèmes personnels et un retour (de courte durée) chez Life Of Agony, son emploi du temps ne lui a pas permis de revenir à ce projet qui lui tient tant à coeur. Cependant, Abruscato n'a jamais perdu de vue A Pale Horse Named Death, loin de là même, et si ces dernières années ont été rudes, elles ont également servi de trame à « When The World Becomes Undone ». Petite immersion dans un album qui va au-delà de la musique, qui a aussi une valeur curative pour un homme profondément meurtri.
Sal Abruscato n'est pas le premier venu, quand on a été batteur pour Type O Negative et que l'on a côtoyé ses illustres membres on apprend forcément beaucoup de choses. Des choses que l'on oublies pas, encore moins lorsque vous montez un groupe dont la musique se situe à quelques encablures du sillage de ce groupe devenu légende. D'ailleurs, le registre d'A Pale Horse Named Death n'est pas évident à décrire aux néophytes, il se trouve quelque part entre le Doom, le Gothique, avec quelques touches de Stoner Rock bien senties apportant un certain groove à sa musique essentiellement faite de rythmique lente et de mélodies très caractéristiques. Pour « When The World Becomes Undone » la donne change légèrement, si A Pale Horse Named Death n'a pas profondément muté, il n'en demeure pas moins que les événements traversés par Sal Abruscato ont eu un impact direct sur la composition de cette nouvelle oeuvre. L'une des premières choses que l'on remarque à l'écoute de « When The World Becomes Undone », c'est cette constance au niveau de l'intensité, hormis quelques interludes ('Succumbing To The Event Horizon', 'The Woods') aucun moment de répit n'est accordé, les titres s'enchainent avec une grande fluidité, il est même difficile de s'en extirper tant « When The World Becomes Undone » ne dévie jamais de la trajectoire qu'il impose.
Si l'accueil du titre éponyme se fait à partir de quelques notes de piano, il ne faut pas longtemps à A Pale Horse Named Death pour faire parler la poudre avec des riffs de guitares lourds, tout comme les frappes de batterie d'un Johnny Kelly totalement dans son élément. L'ambiance est froide, mélancolique, le headbang lent et frénétique, il ne manque plus qu'une cigarette et un verre de vin pour s'offrir un moment hors du temps. La voix d'Abruscato bien que mélodique transpire la souffrance, les premiers démons s'exorcisent et ce n'est qu'un début. 'Love The Ones You Hate' fait quant à lui plus parler le côté Rock / Stoner avec une rythmique plus soutenue, qui est à l'opposé du sublime 'Fell In My Hole' dont l'intro de basse et le jeu de batterie ne peuvent que rappeler les grandes heures de Type O Negative avec tout de même un aspect plus mélodique. Ce début d'album annonce clairement la couleur, « When The World Becomes Undone » est à la fois homogène dans l'intensité mais très différent dans le contenu, A Pale Horse Named Death possède de quoi jouer sur plusieurs registres et emmener l'auditeur là où il le souhaite, sans jamais le perdre. Ce n'est pas le merveilleux 'Vultures' qui prouvera le contraire, ici la rythmique se veut agressive, dissonante ainsi que très lourde, mais tout en gardant toujours une touche mélodique. C'est aussi une des choses qui rend cette oeuvre incroyable, ce croisement entre la mélodie et une certaine forme d'agressivité qui n'en est pas vraiment une. 'Splinters' en est un bel exemple, si les riffs sont lourds et l'atmosphère pesante, il se dégage néanmoins une forme de positivité incroyable qui tend l'auditeur à ne jamais sombrer mais plutôt à relever la tête. C'est probablement en substance le message délivré par « When The World Becomes Undone », qui presque six ans après « Lay My Soul To Waste » prouve qu'Abruscato a su traverser les épreuves pour revenir plus fort.
Ce retour d'A Pale Horse Named Death était attendu et c'est une véritable réussite aussi bien sur le fond que sur la forme, « When The World Becomes Undone » est sublime, tout simplement. Plus qu'un vulgaire mélange de Type O Negative et d'Alice un Chains, A Pale Horse Named Death est une entité à part entière dont le niveau créatif dépasse de loin celui de ses influences, espérons tout de même que pour leur prochaine oeuvre, Sal Abruscato ne soit pas obligé de revivre de si dures épreuves.