Depuis 2005, In This Moment s'est révélé dans toute sa richesse au fil de sept albums : le poétique "Beautiful Tragedy" (2007), "The Dream" (2008) qui marque le début du succès, le sombre "A Star-Crossed Wasteland" (2010), le fantastique "Blood" (2012) qui conforte la réputation du groupe, le sensuel "Black Widow" (2014), l'hypnotique et brut "Ritual" (2017) et l'étonnant "Mother" (2020) et ses sonorités Electro.

Le morceau éponyme ouvre cette nouvelle création, nous replongeant immédiatement dans les tourments de l'univers Electro-Metal du groupe, et pourtant, on ne peut s'empêcher de remarquer qu'In This Moment a pris un virage plus minimaliste sur les couplets, ce qui ne rend l'atmosphère de ce premier titre que plus angoissante, et plus Pop sur les refrains. La rythmique qui nous attrape sur 'The Purge' est tout simplement irrésistible et montre à quel point la formation est un caméléon capable de s'adapter aux dernières tendances de la musique. Après des premières mesures qui laissent présager un déferlement d'énergie, 'Army of Me' révèle en fait sa vraie identité (il s'agit d'une cover de Björk) sur le couplet où on reconnait bien les mélodies typiques de la chanteuse. Rendons toutefois justice à In This Moment qui parvient à transformer suffisamment la composition pour qu'elle présente un réel intérêt au-delà de l'hommage qu'elle représente.

'Sacrifice' est la première petite déception de cet album car les lignes instrumentales et vocales se superposent et s'étouffent plus qu'elles s'enrichissent les unes les autres. Par ailleurs, en dehors du beat principal, on a l'impression de retrouver tellement des anciens morceaux du groupe dedans que ça en devient dommage. Malheureusement pour la jolie performance vocale que signe Maria Brink, 'Skyburner' n'apporte pas grand chose à cet album et sera finalement vite oublié en comparaison de chansons plus impactantes ; l'allègement musical permet cependant de mieux profiter de la batterie de Kent Diimmel. La rythmique chaloupée de 'Sanctify Me' et la présence affirmée de la basse de Travis Johnson annoncent d'emblée un morceau réussi, ce que le reste de l'écoute ne tarde d'ailleurs pas à confirmer en nous permettant d'imaginer ce que cela donnerait en live avec les danseuses desquelles In This Moment aiment s'entourer en tournée !

Poursuivons avec 'Everything Starts and Ends with You', une chanson qui n'apparaît pas, dans un premier temps, comme indispensable, avant qu'on se laisse prendre au jeu du riff de guitare que nous proposent Chris Howorth et Randy Weitzel. Peu à peu, on se met à faire plus attention à chaque ligne instrumentale jusqu'à comprendre qu'il s'agit en fait d'une création tout aussi intéressante que celles du début d'album à la différence qu'on y retrouve davantage de l'univers originel du groupe. Sur 'Damaged', on a la très bonne surprise de retrouver la voix de Spencer Charnas (Ice Nine Kills). In This Moment poursuit donc sa tradition des duos après celui avec Brent Smith (Shinedown) sur l'album "Black Widow" (2014, Atlantic Records), celui avec Rob Halford (Judas Priest) sur "Ritual" (2017, Atlantic Records), celui avec Lzzy Hale (Halestorm Taylor Momsen (The Pretty Reckless) sur "Mother" (2020, Atlantic Records) pour ne citer qu'eux.

Avec son alternance de passages nonchalants et d'autres plus lourds, 'Fate Bringer' est une chanson à ne pas négliger tant elle permet de mesurer à quel point la musique d'In This Moment a toujours porté en elle les ferments de ce qu'on retrouve désormais sur une scène musicale beaucoup plus globale. Mais c'est bien sur 'I Would Die For You' qu'on retrouve le plus les ambiances chères au groupe qu'on percevait déjà très clairement sur les morceaux de "Black Widow" (2014) et de "Ritual" (2017). Ce titre est d'ailleurs celui qui offre la plus grande marge de manoeuvre vocale à Maria Brink qui ne se prive pas de montrer la diversité de ses talents !

Si, comme depuis "Mother" (2020), In This Moment ne retrouve pas le chemin vers un sans-faute, "GODMODE" reste un album plein de surprises et de promesses. Le principal élément à en retirer est que le groupe assume pleinement son parcours, son histoire et les sonorités qui ont fait son succès, mais aussi qu'il sait s'adapter, dans un ballet protéiforme, aux dernières tendances musicales pour se positionner comme un groupe à suivre car toujours à jour !