« Il est étonnant de ressentir une telle cohésion au sein d'un groupe tout en observant une telle disparité entre les lignes vocales et instrumentales ; mais peut-être est-ce de cette dichotomie que surgit le charme de Soen ? »
Formé en 2004 par le batteur Martin Lopez (ex-Opeth de 1997 à 2006), Soen est un groupe de Progressive Metal suédois dont le premier album, "Cognitive", ne sort pourtant qu'en 2012. Après cela, les opus s'enchaînent : "Tellurian" en 2014, "Lykaia" en 2017, "Lotus" en 2019, "Imperial" en 2021, et "Memorial" en septembre 2023 dont nous vous parlons sans plus tarder !
L'album s'ouvre avec 'Sincere', un morceau d'abord porté par la ligne de guitare très mélodique assurée par Cody Ford avant de se révéler avec davantage de nuances et des passages qui empruntent à des influences musicales bien plus larges que ce que les premières minutes pouvaient laisser penser. Dans un genre plus groovy et un poil plus old school, voici ensuite 'Unbreakable'. Si on pouvait regretter le manque de prise de risque, il est encore plus flagrant sur 'Violence', et son refrain franchement barbant, qui est cependant sauvé par un bon riff de guitare. Si une constante semble être le manque d'intérêt de la ligne vocale de Joel Ekelöf, les instruments ne sont pas en reste comme en témoigne la batterie de Martin Lopez sur 'Fortress'. Soulignons d'ailleurs que si la composition vocale est prévisible et assez plate, cela ne remet pas du tout en question les capacités vocales du chanteur qui a, par ailleurs, un timbre plutôt agréable.
Cette performance vocale prend cependant une autre ampleur lorsqu'on lui adjoint une compagne, en l'occurrence la voix de la chanteuse italienne Elisa Toffoli pour 'Hollowed', une composition charmante toute en douceur. Le morceau éponyme apporte une certaine tension dramatique qui pouvait manquer jusque-là ; il est, par ailleurs, agréable de sentir l'effort de groupe proposé par Soen pour emporter l'auditeur dans l'histoire qui lui est racontée ! 'Tragedian' est une chanson entre-deux qui oscille entre des moments sensibles et puissants et des passages assez communs qui se rapprochent de 'Violence' ou de 'Fortress' qui n'apportent rien de particulièrement marquant. Finalement, c'est peut-être 'Icon' qui nous offre la composition instrumentale la plus Prog et la plus audacieuse, et qui permet également de belles variations mélodiques du côté de la voix.
La sensibilité presque Jazz de 'Vitals' offre finalement une conclusion de qualité à ce "Memorial" en demi-teinte. Il est étonnant de ressentir une telle cohésion au sein d'un groupe tout en observant une telle disparité entre les compositions vocales et les lignes instrumentales ; mais peut-être est-ce de cette surprenante dichotomie que surgit le charme de Soen qui, il faut aussi leur reconnaître ça, n'hésite pas à s'engager émotionnellement dans chacune de ses chansons ?