Chroniques

Totem
Fred H
Journaliste

SOULFLY

«Même si « Totem » ne bouleverse pas fondamentalement le genre habituel de Soulfly, il fait souffler un vent nouveau sur le combo américano-brésilien. Tout cela est suffisamment bien foutu et honnête dans la démarche pour justifier son acquisition.»

10 titres
Metal
Durée: 40 min 06 mn
Sortie le 05/08/2022
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L’année passée, le sieur Max Cavalera (faut-il encore le présenter ?), secondé par son rejeton Igor Amadeus (Healing Magic, Lody Kong) et un autre lascar, nous défouraillait un skeud rageur sous le blase Go Ahead And Die. Pour notre Maxou, alors que « tout le monde devenait fou à cause de la pandémie », s’impliquer dans ce projet/méfait lui avait permis de faire quelque chose de sa vie et de sauver sa santé mentale.

Présentement, le natif Belo Horizonte est de retour avec son Soulfly pour un douzième opus nommé « Totem ». Dixit le « Bob Marley du Metal » (comme on le surnomme parfois), ce disque « est une célébration de la nature spirituelle. C’est le résultat d’un voyage de deux ans de composition avec Zyon (= un autre de ses fils et aussi son batteur). Cet album parle de toute la joie, le plaisir et la colère dans le Metal ».

Ce nouvel effort marque un changement majeur dans l’histoire du gang. L’an dernier, le guitariste Marc Rizzo, en place depuis 2003 et huit offrandes, a été licencié « pour des raisons personnelles ». Celui qui est reparti chez Ill Nino est ici remplacé - pour les leads - par Arthur Rizk (aussi co-producteur avec Max et qui avait déjà travaillé sur « Psychosis » de Cavalera Conspiracy) et John Powers (comparse d’Arthur au sein de Eternal Champion). Chris Ulsh (Mammoth Grinder, Power Trip) intervient également à la six-cordes sur une piste.

Le successeur de « Ritual » (2018) se veut frontal, bien gras, et brut de décoffrage. Comme toujours – et jamais bien loin – des éléments tribaux chers à notre Massimilio sont de la partie (le sauvage 'Superstition'). Derrière son kit, le fiston ne fait pas dans la délicatesse. Épaulé par son compère bassiste Mike Leon, le cogneur bucheronne sévèrement ses toms ('Ancestors').

Ça taille dur dans le lard. Droit à l’essentiel (entre 2 min 30 et 4 minutes pour huit des dix titres proposés). Certains riffs sont juste monstrueux et bien lourds (la charge Slayer-ienne 'Scouring The Vile' agrémentée des beuglements bien reconnaissables de John Tardy de Obituary).

Le Thrash reste le style principal ('The Damage Done', l’intense 'Filth Upon Filth'). Brutalité des rythmiques, accélérations, dissonance des grattes, soli « old-school », rien ne manque. Cela étant dit, on note ici et là des écarts Death, Hardcore et nu metal. Un beau travail a été opéré sur les arrangements, nombreux et variés. Cela apporte une vraie diversité à l’ensemble (les effets sur les cris d’écorché vif de 'Rot In Pain', les mélodies de 'Ecstasy Of Gold'). Le désormais trio fait usage d’effets et d’instruments « différents » et pas/peu utilisés d’ordinaire (les claviers subtils sur la courte instru 'Soulfly XII', cris d’animaux étranges, chants vocodés et cuivres sur l’épique 'Spirit Animal' et ses 9 minutes 30 au compteur).

Même si « Totem » ne bouleverse pas fondamentalement le genre habituel de Soulfly, il fait souffler un vent nouveau sur le combo américano-brésilien. Tout cela est suffisamment bien foutu et honnête dans la démarche pour justifier son acquisition.