Il y a vingt mois, avec son projet parallèle baptisé Me And That Man, Adam Darski alias Nergal, le leader du groupe de black death metal Behemoth, proposait un très envoutant « New Man, New Songs, Same Shit Vol. 1 ».
En cette fin de 2021, le polonais est de retour avec le second volet de ce dytique. Comme précédemment, pour enrichir ses propositions, notre tête pensante a rameuté une kyrielle de musiciens (essentiellement des vocalistes mais aussi quelques six-cordistes). A nouveau, on trouve ici un mélange de blues, de folk, de country, et un rien de gothique.
Les amateurs d’ambiances « à la western spaghetti » vont y trouver leurs comptes ('Witches Don't Fall in Love' avec Kristoffer Rygg d’Ulver, le sifflotant 'Silver Halide Echoes' en compagnie de Randy Blythe de Lamb Of God). Franchement, entendre un lascar comme David Vincent (I Am Morbid, ex-Morbid Angel) poussé la chansonnette sur les terres des pistoleros en cache-poussières est carrément kiffant (l’envoutant 'Year of the Snake').
De même, tomber sur Tobias Forge (le Papa Emeritus de Ghost, officiant ici sous le blase Mary Goore) en tant que prédicateur adepte de boogie ('Under the Spell'), est une belle surprise. On se laisse aussi embarquer par le gars Blaze Bayley en mode bluesman ('All Hope Has Gone'). Soutenu par les interventions subtiles des guitaristes Gary Holt (Exodus, Slayer) et Jeff « Mantas » Dunn (ex-Venom), et secondé par une voix féminine, l’ex-Wolfsbane/Iron Maiden est parfait dans cette escapade blues.
Bien que les titres énergiques ('Blues & Cocaine' chanté par l’ex-Misfits Michale Graves, 'Got Your Tongue' avec Chris Georgiadis de Turbowolf) côtoient les pistes plus sombres ('Black Hearse Cadillac' avec Hank von Hell de Turbonegro, 'Coldest Day in Hell' avec l’iroquois Ralf Gyllenhammar de Mustach), l’ensemble est cohérent. Nergal et ses petits camarades de jeux s’amusent dans ces registres aux antipodes de leurs styles habituels respectifs. Force est de constater que « ça le fait grave ». Cette troisième offrande du natif de Gdynia et de ses potes regorge de très bons moments (le groovy 'Losing My Blues' commis en duo par Olve « Abbath » Eikemo d’Immortal et Frank Vollmann de Frank the Baptist).
Au milieu de tous ces garçons, deux ladies se sont glissées au casting. Là encore, que du bonheur. Les voix chaleureuses d’Alissa White-Gluz d’Arch Enemy (associée au génial canadien Devin Townsend pour 'Goodbye') et de la danoise Amalie Bruun de Myrkur (la rêverie 'Angel of Light') viennent ravir nos cages à miel. Un peu (encore plus) de douceurs dans un monde de brutes, qui oserait dire non à cela ?
Une nouvelle fois, grâce à des compos bien fichues et une belle brochette d’invités impliqués (issus d’univers et de nationalités variés), Nergal et son Me And That Man réussissent leur coup. A l’instar de son ainé, l’acquisition de ce très savoureux « New Man, New Songs, Same Shit Vol. 2 » s’impose. Point barre.