Anibal Berith Journaliste | Julie Legrand Journaliste |
La Chronique de Anibal Berith
Il y a quelques années, j’ai lu que l’on pouvait croire en soi et dans les quatre premiers albums de Cannibal Corpse ! Effectivement, les vrais fans du plus célèbre groupe de brutal death du monde n’ont jamais réussi à se remettre du départ du charismatique Chris Barnes (même s’il a perdu de sa superbe).
Remplacé par Georges « Corpsegrinder » Fisher en 1995, le quintette originaire de Buffalo, formé par le bassiste Alex Webster et le batteur Paul Mazurkiewicz, offre le line-up le plus stable de la scène extrême. Il s’est enrichi, en 2020, du plus grand producteur du genre au monde (après Scott Burns), Eric Rutan (Hate Eternal, ex-Morbid Angel, Ripping Corpse) au poste de lead guitariste. Alors peut-on croire au quinzième album des américains « Violence Unimagined » ?
Attaquant frontalement avec le rouleau compresseur ‘Murderous Rampage’, le ton est donné dès la première seconde ! C’est brutal, sans concession, comme un mur du son pris en pleine face sans avoir eu le temps de demander son reste ! Quelle violence ! La rythmique est redoutable et elle le restera tout au long du disque, sachant devenir insidieuse et malsaine au cours de la tracklist comme sur ‘Condemnation Contagion’, ‘Ritual Annihilation’ ou encore ‘Follow the Blood’.
Le rythme est intense sans pour autant être rapide. Paul a ralenti la cadence de son jeu pour le rendre plus néfaste et assommant. Techniquement irréprochable, on sent que le co-leader du groupe a eu du fil à retordre pour adapter son jeu aux nouvelles compositions de Cannibal Corpse sur lesquelles la nouvelle recrue a eu une grosse influence.
Eric Rutan, jusque-là producteur du groupe depuis « Evisceration Plague », a obtenu un rôle beaucoup plus important au sein du quintette en devenant membre permanent de la formation. Co-compositeur avec le reste de l’équipe de toutes les chansons du nouvel opus, il s’est vu confier la tâche de l’écriture de trois titres et ça se sent ! Les arpèges sont plus complexes, les soli dissonants, les plans de guitare pernicieux rappelant Hate Eternal ou son passage dans Morbid Angel. Le rythme imposé est varié et déstabilisant; finis les blast beats à tout va au rendu monotone. La basse claque, chante même parfois ! Du grand art de la part de Webster. Un gros travail a été demandé au frontman qui voit son chant progresser de façon significative.
Très monocorde depuis le premier album sur lequel Fisher a fait ses armes, « Vile », son chant a toujours été le maillon faible du groupe et la raison pour laquelle de nombreux fans ont fini par se désintéresser de ce dernier. L’imposant chanteur a eu beaucoup de mal à faire sa place puis au fil des disques et de ses impressionnantes prestations live, il a su se faire accepter en faisant le job. Depuis que Rutan a pris les rennes de la production en 2009, il est clair que le chant de Corpsegrinder a progressé pour devenir enfin plus varié depuis le précédent opus « Red Before Black ». Avec « Violence Unimagined », il est indiscutable que le mastodonte a tout donné et s’est surpassé pour faire honneur au renouveau des maîtres du genre ! Puissant, endurant, distinct, le timbre du célèbre vocaliste s’est bonifié en s’adaptant aux exigences de la complexité des onze titres de la galette !
Variant sa façon de « growler », Georges « screame » davantage rendant les compositions encore plus néfastes pour atteindre un paroxysme sur ‘Overtorture’ où l’ensemble du groupe délivre une noirceur musicale et une atmosphère tellement sordide, au-delà de l’extrême, qu’il en achèverait presque l’auditeur avant le titre outro tout aussi brutal ‘Cerements of the Flayed’.
Mis en valeur par l’artwork toujours de bon goût du célèbre artiste et incontournable designer des américains, Vince Locke, où l’on assiste à une mère dévorant son propre enfant (version censurée), « Violence Unimagined » est l’album le plus abouti de Cannibal Corpse depuis le départ de Chris Barnes et occupe la place du tant attendu successeur de « The Bleeding » ! En 2021, on pourra toujours croire en soi, dans les quatre premiers albums de Cannibal Corpse et en « Violence Unimagined » !
La Chronique de Julie Legrand
Les maîtres du Death metal sont de retour avec un 15ème album dont l’agressivité se ressent tout d’abord à travers le nom choisi : ‘’Violence Unimagined’’. Cannibal Corpse nous propose ici onze titres intenses et brutaux, très ancrés dans un univers horrifique. La couverture de l’album donne un visage on ne peut plus cauchemardesque aux productions. Il se dégage de celle-ci une grande force grâce au design tordu pensé par Vince Locke, l’artiste attitré du groupe. Cette couverture n’est d’ailleurs pas la proposition initiale : la première proposition ayant été jugée comme trop extrême pour le grand public, l’artiste a proposé cette seconde illustration un peu plus acceptable, tout en maintenant une touche bien gore. Une chose est sûre : qu’il soit regardé ou écouté, ce nouvel opus dégage une grande agressivité.
Les titres possèdent une identité sonore unique qui se justifie aisément par le line-up actuel. Nous avons tout d’abord George ‘’corpsegrinder’’ Fischer qui exécute un chant net et nuancé bien plus appréciable que celui de son prédécesseur Chris Barn. De plus, aux côtés de George, de Paul Mazurkiewicz à la batterie, d’Alex Webster à la basse, et de Rob Barrett à la guitare, Erik Rutan vient remplacer le guitariste Pat O’Brien. Chanteur et guitariste du groupe Hate Eternal, ce nouveau membre contribue énormément en amenant des solos acérés et des riffs véritablement lourds et puissants.
Nous retrouvons dans les compositions cette grande agressivité musicale à la sauce sanglante de Cannibal Corpse. L’ensemble des titres est diablement réussi et il serait dommage de ne pas vous en parler plus en détail. Voici donc une brève présentation de quelques morceaux afin que vous puissiez pleinement ressentir la force terrible qui se dégage de cet album.
Commençons par ‘Inhumane Harvest’ dévoilé début février. Ce single oppressant nous enfonce dans une ambiance plus que pesante. Le rythme est scotchant et les riffs y sont denses. C’était un choix judicieux que de présenter ce titre pour nous annoncer l’album : il traduit efficacement la puissance monstrueuse et le côté sombre des dix autres productions.
Bien que violents, les titres peuvent être tantôt softs, tantôt énervés. Si nous écoutons ‘Ritual Annihilation’, tout y est intense. Sans pitié, le titre réalise des variations rythmiques palpitantes sans laisser de place aux respirations. Moins agressif et à la touche plus Rock-n-Roll / Thrash, ‘Surround, Kill, Devour’ est un morceau dans lequel les riffs sont beaucoup plus calmes.
‘Overtorture’ est son opposé complet. Il est la définition même de la violence gratuite à son paroxysme. Le morceau, bref et efficace, va droit au but en nous attaquant directement par un jeu à la violence inégalée. Bien qu’il soit le plus court de tout l’opus, ses deux longues minutes résonnent durablement tant le jeu est surpuissant.
Enfin, l’album se conclut avec ‘Cerement Of The Flayed’. De nature tranchant et précis, le titre alterne de manière ininterrompue entre des jeux lourds et des jeux rapides. Nous y retrouvons d’ailleurs des solos admirables. Le morceau se termine brusquement et nous laisse avec une envie dévorante de vouloir en écouter encore.
‘’Violence Unimagined’’ est une réussite brutale ! Les titres y sont violents, nets et parfaits. La voix du chanteur porte des paroles impitoyables tandis que les musiciens l’accompagnent en jouant de tout leur soûl. Nous sommes face à une cascade sonore intraversable à moins de s’y mouiller mais cela en vaut clairement l’effort : sitôt l’album entamé il est impossible de le lâcher tant il est magistral !