Therion ambitionnait de signer une œuvre remplie de hits tout en s’inscrivant dans la plus pure tradition de leur style metal symphonique. Mission accomplie.
Début 2018, pour son seizième opus nommé « Beloved Antichrist », Therion nous livrait une œuvre qui peut se résumer en un mot : GARGANTUESQUE. Pensez, un Opéra metal/rock en trois actes, plus de 3 heures de zique basé sur une nouvelle d’un poète et philosophe russe parue en 1899, quarante-six morceaux, trente personnages et une kyrielle d’invités vocalistes. Bref, un vrai truc de dingues. Compte tenu l’ampleur du projet, du financement qu’il faut trouver et évidement de la situation sanitaire mondiale actuelle, l’adaptation sur les planches de ce gigantesque effort va devoir attendre et est donc reportée (on l’espère) en des temps meilleurs.
Quoi qu’il en soit, soucieux de poursuivre leur chemin mais aussi « de faire quelque chose de nouveau », le guitariste-claviériste et leader Christofer Johnsson - qui avoue être ressorti complètement vide (d’un point de vue créatif s’entend) de sa dernière livraison - et son comparse vocaliste Thomas Vikström se sont remis à la composition. Un seul objectif en tête : Proposer un « Hit album » et « donner aux gens ce qu’ils réclament » (comprendre du pur et plus « traditionnel » Therion). Une fois encore, les idées ont tellement fusées qu’il reste du matériel pour une suite (on évoque même une trilogie). Le thème du moment est le « Léviathan », le fameux et colossal monstre marin sorti de la bible et personnification de cataclysme.
A l’écoute du disque, on ne nous a pas menti sur la marchandise. Des tubes il y en a, et à la pelle les amis ('Psalm of Retribution', 'El Primer Sol'). La formation originaire de Upplands Väsby est toujours fidèles à son metal symphonique et aux morceaux épiques (l’excellent 'The Leaf on the Oak of Far', le galopant et percutant 'Great Marquis of Hell'). Les éléments typiques de la musique des scandinaves sont là. Entre production massive, riffing bien heavy, vocalises opératiques, montées en puissance progressives, et arrangements orchestraux, rien ne manque. Bien que les accroches mélodiques et les détails soient légions, tout est savamment dosé afin de ne pas lasser l’auditoire. Efficacité garantie.
Coté chants, le mariage et l’alternance des voix entre Vikström et la soprano Lori Lewis demeure un véritable enchantement pour nos esgourdes (l’explosif 'Azi Dahaka' et ses accents orientaux). Grace à son chant lyrique juste incroyable, la cantatrice américaine (qui n’apparait plus en tournées mais seulement en studios) est impressionnante de maitrise que ce soit dans les émotions (la glorieuse ballade orchestrale 'Die Wellen der Zeit') ou dans les notes les plus hautes ('Leviathan'). Les enchevêtrements entre le duo de vocalistes et les (nombreux) chœurs grandiloquents sont parfaits ('Nocturnal Light', 'Eye of Algol', 'Ten Courts of Diyu').
Contrairement à précédemment, ici pas de guests en pagaille. Non, un seul invité (et non des moindres) en la personne de Marko Hietala (qui vient d’annoncer présentement son départ de Nightwish et son retrait de la vie publique). Le puissant bassiste et co-vocaliste finlandais apporte son concours a une piste un chouia plus commerciale ('Tuonela' et ses éléments folkloriques saupoudrés ici et là).
A la finale, ce « Leviathan » est plutôt très réussi. Pour sa dix-septième galette, Therion ambitionnait de signer une œuvre remplie de hits tout en s’inscrivant dans la plus pure tradition de leur style metal symphonique. Mission accomplie.