«Deuxième offrande envoûtante, passionnante et très diversifiée pour le leader de Behemoth et son projet Me And That Man. On attend avec impatience le Vol 2»
Il y a trois ans, Nergal, le leader du groupe polonais de black death metal Behemoth, surprenait son monde avec un projet parallèle baptisé Me And That Man. Sous ce blase, accompagné de quelques acolytes (dont le britannique John Porter), notre homme livrait une première œuvre mêlant Folk, Country et Blues nommée "Songs of Love and Death".
Pour son second méfait intitulé "New Man, New Songs, Same Shit Vol. 1", le natif de Gdynia, désormais seul décideur depuis le départ de l'anglais, a choisi une autre approche. L’esprit musical du précédent skeud a été conservé mais pour éviter la redite, le garçon a décidé de convier une brochette de zicos (et non des moindres) pour officier derrière le micro. Du coup, on se balade entre classic rock tantôt optimiste (l’énergique 'Run With The Devil' porté par le chant si distinctif et les interventions de saxophone du norvégien Jorgen Munkeby de Shining) et tantôt plus mélancolique ('How Come?' avec un Corey Taylor de Slipknot/Stone Sour parfait et un magnifique solo de six cordes de Brent Hinds de Mastodon qui ne l'est pas moins).
Les sujets de prédilections biens connus de Nergal (religion, diableries et amour) sont bien là mais abordés différemment. L’album se veut ouvert et éclectique. Le country-folk épuré ('Burning Churches' avec le timbre rauque de l’anglais Mat "Kvohst" McNerney des finlandais de Grave Pleasures) côtoie aussi bien la douceur nostalgique ('Coming Home' avec Sivert Hoyem de Madrugada) que l’ambiance gothique ('Man Of The Cross' avec Jérôme Reuter de Rome) ou l’acousti-folk minimaliste ('You Will Be Mine' avec le frontman de Trivium Matt Heafy).
Notre tête pensante polonaise prend un malin plaisir à télescoper toutes ces personnalités à tous ces styles différents. Avec Anders Landelius de Dead Soul, il mêle gospel et blues (l’émouvant et sombre 'Surrender'). A grands renforts de banjo, d'harmonica, de violon et de piano bar, il associe le suédois Nicke Anderson de Entombed et son épouse berlinoise Johanna Sadonis de Lucifer pour un morceau country des plus entraînant (l’évocateur 'Deep Down South'). Entendre certains de ces hurleurs s’aventurer sur des routes aux antipodes de leurs registres plutôt très extrêmes habituels est un vrai plaisir. Ihsahn de Emperor se fait crooner sur un roots blues ('By The River'). Niklas "Kvarforth" Olsson de Shining) interprète un choc tectonique improbable entre country blues intimiste et black metal furieux ('Confession'). Finalement, Nergal ne s'est laissé qu'une seule piste en tant que chanteur (le folk dépouillé 'Mestwo' en honneur à sa langue natale).
Grâce à des compositions inspirées et un casting impliqué d’invités 3 étoiles, ce "New Man, New Songs, Same Shit Vol. 1" de Me And That Man est une deuxième offrande envoûtante, passionnante et très diversifiée. Loin des maquillages blafards, des incantations satanistes, des hurlements d’outre-tombe et des atmosphères lourdes de son combo référence, Nergal démontre ses talents d’auteur-compositeur et propose une autre facette de sa personnalité et de sa créativité. On attend avec impatience le Vol. 2.