«Les adeptes d'Ozzy Osbourne vont être ballottés entre territoires familiers et nouveaux éléments incorporés (certains intéressants et d'autres plus dispensables). God bless you Ozzy.»
« Scream », le dernier effort studio en date du Madman, remonte (déjà) à 2010. Depuis lors, outre ses frasques familiales (la série TV réalité « The Osbournes ») voire conjugales, on a surtout vu et entendu le père Ozzy tirer sa révérence avec Black Sabbath (dix-neuvième et ultime opus « 13 » en 2013 et la tournée « The End » dans la foulée). Malade, visiblement cassé de partout et totalement rincé (une vie de dépendances, d’abus et d’excès en tous genres ça laisse forcément des traces), le Prince des Ténèbres semblait avoir jeter l’éponge sur carrière en solo.
Finalement, courant 2019, après une collaboration surprise (le single 'Take What You Want') avec le rappeur Post Malone et le gratteux-producteur Andrew Watt, notre légende retrouve la motivation et l’envie de refaire une nouvelle galette. Dès le lendemain de l’enregistrement du duo, apparemment regonflé, notre Iron Man recontacte le jeune guitariste (membre de California Breed avec Glenn Hughes/Jason Bonham et connu pour ses travaux avec Lana Del Rey, Blink-182, etc.) pour re-bosser ensemble. Quelques coups de fils du sixcordiste américain plus tard, le bassiste Duff McKagan (Guns N' Roses) et le batteur Chad Smith (Red Hot Chili Peppers, Chickenfoot) sont enrôlés. Inspirés, les 3 larrons composent et mettent en boite 12 titres (10 ont finalement finis sur le disque) en seulement 4 jours. Le temps d’inclure l’ensemble des vocaux du Miracle Man, des soli de guitares et quelques ajouts, le tout fut bouclé en moins d’un mois.
Ce douzième opus (qui sort quasi jour pour jour 50 piges après le 1er méfait du Sabb’) intègre tout ce qu'un fan du Ozz peut attendre. On trouve donc quelques titres plutôt énergiques avec des riffs puissants ('All My Life'), quelques emprunts à sa formation référence ('Goodbye' et son intro batterie/voix 'Iron Man'-ienne) et deux-trois ballades ('Under The Graveyard'). A tout cela, on ajoute les textes à l’humour morbide ('Eat Me' inspiré comme le 'Mein Teil' de Rammstein par l'histoire d'Armin Meiwes qui recherchait via une annonce sur le net un volontaire pour le tuer et le boulotter), quelques paroles sombres ('Today Is The End', 'Holy For Tonight' et ses chœurs féminins), des monstres (le bien cliché 'Scary Little Green Men'), les fameux gimmicks (« All right now », « Go fucking crazy », les rires lugubres, …) et, bien sûr, la voix (unique) de la légende anglaise. Celui qui reste une énigme pour la science (avec tous ce qu’il s’est mis dans le cornet rien d’étonnant) avoue d'ailleurs avoir mis son cœur et son âme dans cet album.
Interprète de 'Mr. Crowley', qui lui aussi connaît du monde, a convié deux descendeurs de manches. Tandis que Tom Morello (Rage Against the Machine, Audioslave) fourbit quelques soli bien reconnaissables ici et là, le chapeauté Slash pourfend sa Gibson Les Paul sur 2 chansons ('Straight To Hell' perpétrée initialement pour la campagne anti-drug et 'Ordinary Man'). Sur ce morceau éponyme, Ozzy partage le micro avec le Rocket Man sir Elton John (qui exécute aussi la partie de piano). L'improbable juxtaposition des 2 chants fonctionne bien. Osbourne est tout sauf un « gars ordinaire » ça c’est certain.
La galette se clôt avec 2 pistes où sévit Post Malone. Si sur la première plage (le déluge tout en distorsions 'It's A Raid') le rappeur se contente de suivre le maître, son influence (et celle de Travi$ Scott également présent) est bien plus (trop?) marquée sur la seconde ('Take What You Want'). Les 2 lascars apportent un décalage hip hop R&B moderne sans aucun rapport avec (le reste de) la choucroute.
Il y a donc à boire et à manger (au sens propre comme au figuré) sur ce « Ordinary Man ». Les adeptes d'Ozzy Osbourne vont être ballottés entre territoires familiers et nouveaux éléments incorporés (certains intéressants et d'autres plus dispensables) par le britannique et ses acolytes du moment. Il y encore quelques semaines, l’icône du Heavy Metal semblait vouloir reprendre la route pour son « No More Tours 2 » à partir de mars 2020. Malheureusement, l'annonce officielle récente de son Parkinson risque probablement de contrecarrer ses plans. God bless you Ozzy.