LINDEMANN
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Metal Industriel
Chroniques

F & M'
Fred H
Journaliste

LINDEMANN

«Ce « F & M » alterne émotions, moments sombres et décalages humoristiques sur des tempos tour à tour metal indus, dancefloor-esques ou plus posés. De bonne augure pour l'après Rammstein.»

13 titres
Metal Industriel
Durée: 50'28 mn
Sortie le 22/11/2019
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2019 est et restera une grosse année pour les fans de Rammstein. Après le troisième effort d'Emigrate (le très correct « A Million Degrees ») du guitariste Richard Kruspe et l'ultime (enfin ce qui semble être comme tel) opus – sans nom - de R+, le chanteur Till Lindemann s'en revient avec son projet éponyme. Pour cette seconde escapade en solo, le teuton a de nouveau fait appel à son comparse Peter Tägtgren, le maître à penser de Pain et Hypocrisy.

Ce deuxième skeud, baptisé « F & M » (comprendre « Frau & Mann », NdT : Femme & Homme), succède à « Skills in Pills » (disque d'or en Allemagne) paru en 2015. La première fois, le duo avait choisi l'anglais pour se différencier – en tous cas au niveau du phrasé et un peu moins musicalement – des interprètes de 'Mutter' et autres hits. Pour cette livraison, les acolytes ont décidé de revenir à la langue de Goethe. Initialement, Till avait composé quelques titres (en collaboration avec le Hamburg Thalia Theater) pour une réadaptation moderne du conte « Hänsel und Gretel » des frères Grimm dans laquelle jouait sa fille. Sur cette base, nos sbires ont progressivement enrichi le concept avec d'autres chansons pour en faire un disque complet.

La galette se découpe en 3 segments. D'abord, les pistes plutôt « dansantes » (le joyeux 'Frau & Mann' et ses « Ai-ai-a-iiii! », le techno accrocheur 'Platz Eins') à grands renforts de synthés omniprésents. Evidemment, on retrouve quelques riffs et gimmick bien connus de qui-vous-savez sur des passages Industrial Metal qui pilonne ('Ich Weiß Es Nicht', 'Allesfresser'). Le contraste entre l'énergie déployée et le propos parfois plutôt glauque est troublant (comme sur 'Steh Auf' quand Till se met dans la peau d'un tout jeune enfant qui supplie sa mère morte sur son lit de « se lever »). Noir c'est noir,...

Ensuite, on a le droit à plusieurs ballades puissantes et plus portées sur l'émotion. Absence de batterie, pas de gratte, juste un piano et quelques claviers couplés à des cordes orchestrales et des arrangements fournis. Le natif de Leipzig se fait plus profond (''Je fuis, je veux me libérer, Mais le malheur me rattrape encore et encore'' sur 'Wer Weiß Das Schon') voire plus sombre (''quand la mort sans couleur me prend dans ses bras froids'' sur l'envoûtant 'Blut'). On peut même imaginer notre colosse venir susurrer de petite comptine (''Ouvrez doucement vos lourdes paupières'' sur 'Schlaf Ein', NdT : Va te coucher) aux douces oreilles de sa progéniture.

Enfin, le duo à glisser quelques surprises (le tango 'Ach So Gern' pour lequel on se croirait dans un cabaret enfumé) et des moments plus décalés. Avec des paroles légères, le vocaliste chante son amour pour tout un tas de trucs en caoutchouc ('Gummi') que certains utilisent pour certaines pratiques (si vous voyez de qu'on on parle). Coussins, Vêtements, Gants, Masque ?!, etc. Apparemment, le plastique c'est fantastique. On retrouve l'esprit du méfait précédant qui traitait quasi exclusivement de préférences sexuelles.

L'édition spéciale contient 2 pistes bonus. Outre une variation plus metal et plus classique-dispensable du tango précédemment cité ('Ach So Gern (Pain Version)'), les compères ont inclus une nouvelle version d'un single sorti l'an passé ('Mathematik'). La piste présentée ici diffère du metal Trip Hop-Rap initial. La voix du compatriote rappeur Haftbefehl a été retirée pour ne laisser que celle de Till. Dommage, car finalement cela aurait été dans le sens de cette diversification bienvenue.

Épaulé de son partenaire multi-instrumentiste suédois (qui rempile aussi à la prod et au mix), Lindemann tente des ouvertures éclectiques. Ce « F & M » alterne émotions, moments sombres et décalages humoristiques sur des tempos tour à tour metal indus, dancefloor-esques ou plus posés. De bonne augure pour l'après Rammstein.