La dernière production de Lofofora (avril 2018) nous montrait le gang originaire de Paris dans son plus « Simple Appareil ». La démarche était risquée, proposer un album studio 100% acoustique composé uniquement de morceaux originaux (et non pas des classiques revus façon débranchés) et partir le défendre sur scène pour une tournée (une trentaine de dates). Il fallait oser, ils l'ont fait. Exit donc cette parenthèse unplugged et retour à cette bonne vielle disto, aux grattes saturées et à ce chant bur(i)né. L'année de ses 30 piges d'existence, Lofo s'en revient donc avec un/son dixième effort intitulé « Vanités ».
Adeptes du rock vénère, réjouissez-vous. Cela défouraille sans concession. Du bien rentre-dedans (l'opener et énervé 'Bonne Guerre'), du frontal, du direct ('Le Futur', l'accrocheur et contrasté 'Le Refus') dans la chetron. Du bon bourre-pif comme on l'aime. Les fans reconnaîtront ces sonorités qui renvoient à un brûlot comme « Les Choses Qui Nous Dérangent ». Efficace, incisif et massif, on kiffe. Épaulé par Vincent Hernault (de retour derrière les fûts après son petit tour du monde façon globe-trotter entre 2017-2018), Phil Curty fait claquer sa basse (bien présente sur l'ensemble de la galette). Les 4-cordes grondent ('L'Exemple'). La production et le mix ne laissent personne en retrait. Ecoutez tous ces riffs de grattes bien hargneux balancés par Daniel Descieux. Les accents punk rock sont là, allant du simple flirt (l'entraînant 'Les Fauves') au très prononcé rencard (l'explosif 'X-it'). Le tout petit (mais costaud) cactus francilien a décidé de nous décalaminer les esgourdes avec quelques parties coulées dans le plus pur metal (la beigne 'Le Venin'). Malgré 3 décennies dans les pattes, les garçons ont encore la (grosse) pêche.
Outre les directions Metal et rock punk, les 4 potes n'oublient pas le passé et la fusion ('Le Venin'). Là aussi, back to « Peuh ! » de 1996… cela ne nous rajeunit pas. La bande a également choisi de (nous) surprendre. Les contre-pieds arrivent par des approches plus progressives (comprendre, dans la montée en puissance) et subtiles (l'envoûtant et plus sombre 'Désastre') voire plus complexes ('Les Seigneurs'). Notre Peyotl favori glisse même vicieusement (niark niark) vers le folk plus léger (le malin 'La Surface', lien évident avec la récente escapade acoustique).
On le sait, le quartette a toujours eu à coeur d'associer « Le Fond Et La Forme » (désolé c'était facile) … la musique et le propos. Authentique et sincère, la fine équipe télescope tempos percutants et textes profonds (cet alliage demeurant la marque de fabrique du gang). Reuno alterne chant clair, phrasés parlés (presque rappés parfois) et voix plus rauque (il ne faut quand même pas déconner). Le lascar n'a rien perdu de sa verve. Une fois encore, l'homme manie et mêle punch-lines féroces, humour et second degré ('Le Mâle') pour mettre en exergue les sujets qui l'interpellent (les injustices, l'Humain, la société, …).
Entre énergie et groove, « Vanités » est une parfaite synthèse (rock metal punk fusion) des différentes périodes de Lofofora et défini pleinement ce qu'est le groupe aujourd'hui. Retour électrique en force et en forme…