C'est incontestablement l'une des grandes sensations du moment dans l'univers Metal, peut-être même une tête d'affiche potentielle de grands festivals dans les années à venir. Cette sensation, c'est Jinjer, ce fameux groupe ukrainien emmené par la pétillante Tatiana Shmailyuk, dont le style est très difficile à définir tant il possède des influences diverses et variées. S'il est compliqué, voire impossible, de prédire le succès d'un album, une choses est sûre, « Macro », la nouvelle oeuvre de Jinjer est attendue par bons nombres d'observateurs et elle sera disséquée sous tous les angles, trainant avec elle une cohorte d'enthousiastes et de haters, c'est aussi ça la (possible) rançon de la gloire.

Jusqu'ici tout va bien pour Jinjer, leurs précédentes réalisations cartonnent, les tournées s'enchaînent et ils sont signés par un gros label (Napalm Records). Si ça se passe bien c'est aussi parce que pour le moment le groupe possède un statut d'outsider dans la scène, leur fraîcheur et l'effet de surprise est toujours présents, et forcément ça aide, ça évite une certaine pression. Maintenant que le contexte est posé, il est inutile de continuer d'installer le suspense, « Macro » c'est du lourd, du Jinjer 5 étoiles qui balance sa musique avec classe et autorité. 9 titres énormes, qui mélangent les genres pour créer une identité propre aux Ukrainiens, qui est plus que certainement leur marque de fabrique. C'est avec la plus grande des aisances qu'ils passent de plans Djent à des plans progressifs ('On The Top'), de mélodies poignantes à une violence exacerbée proche du Death Metal ('Retrospection'), ou encore du Metalcore au Reggae avec le génial 'Judgement (& Punishment)' où Tatiana Shmailyuk fait apprécier son immense palette vocale. Toutes ces influences pourraient désarçonner sauf que Jinjer a suffisamment d'intelligence pour leur donner une vraie cohérence qui n'a rien d'indigeste. Les transitions sont toujours justes, faites au bon moment, à la seconde près, comme sur 'Noah' où les riffs proches de Meshuggah et le growl sont effacés en un instant pour céder la place à une musique plus atmosphérique pour ensuite repartir sur une sorte Djent assez lourd. C'est également ça qui épate avec ce groupe, cette faculté à digérer les styles pour créer le-leur, en y mettant puissance, technique et émotion.

La démonstration ici faite est plus que convaincante. Non seulement on constate que Jinjer est créatif ('Home Back' ne peut pas prouver le contraire), mais également que l'exécution est irréprochable. Pour composer un titre comme 'The Prophecy' qui multiplie les changements de rythmes et les contre-temps, il faut obligatoirement posséder un savoir-faire digne de ce nom, sans quoi, le résultat ne serait qu'un assemblage moisi de différents plans piochés çà et là. A partir de ce constat, il devient impossible d'imputer la hype autour de Jinjer à la seule Tatiana Shmailyuk (et oui, en 2019 on en est encore là), qui si effectivement est impressionnante en live autant dans l'énergie déployée qu'au travers de son chant, n'a pas le monopole de la réussite du groupe. Jinjer c'est plus que ça, c'est un groupe qui possède une vraie qualité dans l'écriture et qui la matérialise sur toutes les scènes qu'ils ont parcourues.

La machine Jinjer est en marche et rien ne semble pouvoir l'arrêter, « Macro » est d'une puissance phénoménale tout simplement. ''The Next Big Thing'', voilà comment on peut qualifier ce groupe tant il parait évident à la vue de ses nombreuses qualités que l'avenir leur appartient. Le plus difficile commence peut-être, ils vont désormais devoir gérer ce nouveau statut, éviter les pièges et toujours donner plus pour satisfaire celles et ceux qui les encensent aujourd'hui, le droit à l'erreur n'est pas permis quand on est populaire. La gloire, ça n'a pas que des avantages.