HEILUNG
Plus d'infos sur HEILUNG
Neo-Folk Metal
Chroniques
Lifa
2017
Drif
2022

Futha
Enora
Journaliste

HEILUNG

«« Futha », probablement le meilleur album d'Heilung à ce jour tant le groupe illustre un moment de basculement entre une histoire humaine ancestrale mais qui s'efface et un futur mécanisé qui nous dévore»

9 titres
Neo-Folk Metal
Durée: 74 mn
Sortie le 28/06/2019
5848 vues

Le trio danois, norvégien et allemand Heilung a été formé en 2014 par Kai Uwe Faust, rejoint par Christopher Jull et Maria Franz, avec l'idée de proposé du Folk expérimental, ce qui s'est concrétisé avec « Ofnir », un premier album paru en 2015, suivi de « Lifa » en 2017. Il n'en fallait pas plus pour déchainer une curiosité tout à fait justifiée, qui s'est également vue lorsque le groupe a été nominé dans la catégorie « Meilleur groupe underground » lors des Metal Hammer Golden Gods Award de 2018. Un an plus tard, Heilung nous offre « Futha ».

L'entrée en matière est brutale, organique et incroyablement puissante, et pourtant elle se fait sans musique, la voix caverneuse du chanteur mêlée à la voix parlée de Maria Franz semblent réciter une invocation nécessaire à l'apparition du monde qu'Heilung s'apprête à faire surgir sous nos yeux avec ‘Galgadr' ! Très étrangement, la rythmique du morceau lui confère un côté presque Electro pur et dur incroyablement plaisant, hypnotique et audacieux. ‘Norupo' était l'un des premiers titres de cet album à avoir été dévoilé, et il avait marqué les esprits par son côté en apparence dépouillé mais qui permet une superposition vocale donnant lieu à un effet de profondeur où l'auditeur se retrouve happé. Avec ‘Othan', on retrouve cette spiritualité exacerbée qui, mise en musique, flirte avec l'Electro, mariage improbable de deux mondes à la sensibilité parfois similaire. Heilung se révèle autant être un monstre ancestral ravivant les fondements de la société humaine qu'une créature du futur que les mortels découvrent à peine.

‘Traust' se met en place doucement, couche par couche, Heilung multipliant les lignes musicales et les associant les unes aux autres jusqu'à obtenir le tissage parfait de l'histoire que le trio veut nous conter, avec toujours une préoccupation mélodique d'une grande sensibilité. Une respiration fébrile et des hurlements en arrière plan annoncent ‘Vapnatak'. Puis d'autres sont se joignent à cet ensemble, évoquant une embuscade, un combat qui fait des morts, mais qui en même temps demeure indistinct. Après le massacre, une armée se rassemble et, sur ‘Svanrand', se met en marche, guidée par une procession de vestales. Une voix susurrante s'infiltre dans notre esprit sur ‘Elivagar' puis gagne en force et se mue en crie au fur et à mesure de la récitation qui se fait de plus en plus violente. Dans une ambiance entre Narnia et Alien, ‘Elddansurin' met en creuse un peu plus l'ambiguïté de cet opus qui joue sur les contrastes. L'ouverture était magistrale, la conclusion, ‘Hamrer Hippyer', l'est tout autant.

« Futha » serait-il le meilleur album d'Heilung à ce jour ? C'est une question qui mérite d'être posée tant l'évolution du groupe surprend, les musiciens conservant toute leur authenticité, fondement de leur puissance, mais lui donnant un tournant d'une modernité effrayante tant elle semble industrielle et froide. A des millénaires de chaleur humaine portée par les mythes anciens succèdent les ténèbres d'un âge mécanisé et robotique, et Heilung se positionne exactement à ce moment de basculement avec un album brillant.