Il aura fallu moins de deux ans aux trois ex Eluveitie pour revenir nous présenter une nouvelle galette. Merlin, Ivo et Anna avaient frappés fort avec un premier album truffé de hits. Au vu de la présentation de ce nouvel album, il est clair qu'une différence marquante est attendue. Cellar Darling n'hésite pas a renverser la vapeur et revient avec un concept album où la musique sert l'histoire plus que jamais. Le thème choisi est assez sombre mais la destruction du monde par l'humain est un vaste sujet et Anna tient parfaitement le rôle du personnage clé, au point que l'on doute que tout ici ne soit que fiction. Son vécu et ses pensées sombres lors de la réalisation du disque transparaissent bien plus qu'il ne le laisse penser au premier abord et ce malgré un choix d'écriture abstraite.
Notons également l'audiobook narré par Anna et les vidéos animées pour chaque titre de l'opus qui sont illustrée par Castin Chioreanu (Opeth, Wardruna, Ulver, Etc...) L'enregistrement s' est déroulé en ce début d' année au Soundfarm Studio ainsi qu' au New Sound Studio. Anna partage la production avec Tommy Vetterli qui a également assuré le mixage. Le tout est masterisé par Jens Borgen.
Dès le premier titre « Pain », nous reconnaissons le son du groupe, notamment grâce à cette belle utilisation de l' hurdy-gurdy. Le groupe se démène bien niveau metal et l'ambiance ne se veut pas encore si sombre malgré la douleur. Cette chanson se classe avec « Freeze » et « Love » comme les titres les plus susceptibles d'être des hits grâce à leurs refrains enjoués que tout un public n'hésitera pas à fredonner à tout moment de la journée. « Freeze » mélange le lourd et l' aérien avec des effets de production électro sur la voix qui sont très légers mais bien présent. « Love » quand à lui est un coup de coeur avec cette ligne de chant qui s'incruste bien profond dans la mémoire.
S'en suit un premier titre plus long et aventureux, il y en aura deux autres à rajouter dans ce trip progressif parfaitement bien adapté au groupe pour conter son histoire. « Death », « Insomnia » et « Drown » sont tout trois un transport dans l'aventure improbable de cette fille amoureuse de la mort. Les passages musicaux n'hésitent pas à nous faire passer du doom au metal plus rentre dedans, du classic à l'alternatif le tout parsemé d'éléments folks et de production moderne. « Love pt. II » et « Death pt. II » qui clôturent l'album sont assez spéciaux et musicalement s'éloignent du metal mais au vu de l'histoire, il n'en est rien de choquant, que du contraire.
L'emploi de la flûte est superbe pour la création d' une ambiance, c'est ainsi que nous la retrouvons dans plusieurs titres dont le très doux « Hang » qui rappelle vocalement A la sortie de l'album, celui qui prête attention aux textes se posera des questions. Mais ne dévoilons pas la fin à l'auditeur puisque chacun se fait sa propre idée d'une musique ou d'un texte quand celui ci donne en plus dans l'abstrait. Il est clair que le travail est vraiment abouti, que le groupe va plus loin dans ses possibilités. Certain le trouveront plus mature alors qu'il n'en est probablement rien. Ce goût de maturité provient des choix qui ont été fait dans le concept et l'envie d'illustrer au mieux les textes par une musique qui se permet également de voyager. Le premier album était certes plus léger mais possédait cette même qualité de travail et de composition. Nous préférons penser que nous avons là une autre facette du groupe, et quoi qu'il en soit, nous apprécions énormément les deux. Cellar Darling revient donc avec un challenge réussi, car le concept album ne colle pas à tout le monde. Mais voilà, le groupe gagne haut la main avec cette sortie qui comblera les fans du trio et en attirera peut-être de nouveaux. des phrasés du style d' Anneke. Ce genre de douceur revient par moment comme sur le très pur « Sleep » mais de manière totalement différente. Si le groupe a son style et son son, il pioche allégrement dans les possibilités offertes d'exploiter d'autres horizons. Ce piano entendu sur « Sleep » donnera l'impression d'être enfermé dans une bulle alors que le chant pur se démarquera formidablement bien. Malgré l'impression parfois d'être face à un titre plus courant dans la structure, il en est rarement le cas. Un break survient et toute l'ambiance change. Le groupe se permet de mettre en musique l'image de son histoire et ne se contente pas d'une chanson plus simple d'accès.