Holy Hell
Enora
Journaliste

ARCHITECTS

«« Holy Hell », un tournant dans la carrière d'Architects qui commence à bâtir les fondations d'une nouvelle histoire dont on devine les tenants et aboutissants avec ce nouvel opus»

11 titres
Metalcore
Durée: 42 mn
Sortie le 09/11/2018
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Architects fait aujourd'hui parti des groupes majeurs de la scène Metalcore britannique. Formé en 2004, le groupe ne tarde pas à sortir un premier album intitulé « Nightmares » (2006), puis « Ruin » un an plus tard, après l'arrivée de Sam Carter au chant. On s'en souvient, le décès de Tom Searle en 2016 avait lourdement impacté le groupe et touché les fans, mais ils sont bien de retour avec leur huitième album, « Holy Hell ».

L'ouverture aux cordes de ‘Death Is Not Defeat' est tout simplement splendide et témoigne une nouvelle fois de l'attention toute particulière qu'accorde le groupe, mené par la voix tantôt screamée et suraiguë et tantôt douce et claire de Sam Carter, à la construction d'atmosphères uniques et soignées. Le morceau suivant, ‘Hereafter', a été dévoilé assez tôt comme porte-étendard de ce nouvel album et s'est rapidement démarqué par le côté presque nonchalant et morne des voix claires du refrain, en contraste avec une ligne musicale lourde et habillée de breaks multiples. ‘Mortal After All' incarne la même idée entre déchainements morbides et passages lancinants, véritable ligne directrice de ce nouvel album. Architects semble décidément avoir systématisé une technique de composition qu'on retrouvait déjà sur les précédents albums en jouant davantage sur les clairs-obscurs. Dan Searle, derrière sa batterie, assure un travail d'excellente facture en restant dans la nuance et un contrôle absolu, quasi-maniaque. Le morceau éponyme se caractérise plutôt par sa mélodicité et la superposition de lignes mélodiques qu'il propose.

Après ce moment de tension croissante, on découvre la plus apaisée et planante ‘Damnation', dans un premier temps en tous cas. La basse d'Alex Edwin Dean apporte une touche langoureuse à cette chanson, sans aucun doute plus sobre que les précédentes. Une nouvelle fois, le groupe ajoute des éléments orchestraux avec des violons, ce qu'on retrouve sur une grande majorité de titres. Souvent minimaliste mais parfois marquée de violence et de colère, ‘Royal Beggars' est la seconde chanson de « Holy Hell » que le groupe a mise en ligne, après ‘Hereafter'. Son message est simple : « We sit on a throne, waiting for God to bend the knee / But we're nothing more than / Royal beggars ». Architects ne renonce donc pas à passer des messages forts à travers sa musique, ce qu'on ne peut que saluer. On revient à ce que le groupe proposait au début d'album avec ‘Modern Misery' qui reste une bonne chanson, bien qu'elle n'apporte rien de transcendant à l'album qui donne parfois l'impression de se mordre la queue dans un éternel recommencement.

Sur ‘Dying To Heal', la rythmique pure et dure laisse davantage de place aux guitares, et les musiciens ne se font pas prier pour utiliser cette liberté nouvelle qui leur est offerte et tissant des riffs bien pensés et hypnotiques, parfois interrompus par des breaks sur lesquels on peut deviner des voix fantomatiques. Le groupe semble nous avoir entendus puisque ‘The Seventh Circle' a de quoi combler les attentes des auditeurs espérant voir le groupe sortir de sa zone de confort ! Le morceau est audacieux et presque expérimental si on le compare à ce à quoi les Britanniques nous ont habitués, et franchement, on se régale, bien que ce ne soit qu'une ébauche de moins de deux minutes. ‘Doomsday', qui arrive ensuite, a également de quoi surprendre avec sa délicatesse et la façon dont le chant clair est mis en avant. Le groupe conclut sur un titre riche en surprises puisque ‘A Wasted Hymn' fait véritablement du violon l'alter-ego de la voix de Sam Carter à travers une composition légère et mélancolique.

« Holy Hell » est un album essentiel et qui marque très probablement un tournant dans la carrière d'Architects. Après avoir pris le temps de reposer les bases de l'univers musical qu'on leur connaît, les musiciens du groupe commencent à bâtir les fondations d'une nouvelle histoire dont on devine les tenants et aboutissants dans la seconde moitié de l'album. Cet opus est un moment capital de leur histoire et il serait plus que dommage de passer à côté, en espérant qu'ils continuent dans cette voie !