En tant que chroniqueur journaliste pour UNITED ROCK NATIONS, passionné de musique Métal et de Death Métal, je suis toujours à l'affût du moindre concert dans ma région et plus encore. Alors quelle agréable surprise, que dire... quel enthousiasme démesuré, quelle bénédiction lorsque j'apprends que la tournée de NILE (avec SUFFOCATION) pour la promo de leur dernier album (le 8ème pour être précis) passe à moins de 100 km de ma cambrouse tranquille ! On va aller se faire saigner les oreilles et en prime récolter une interview du leader fondateur du groupe Karl Sanders !
Pour (re)situer le combo, Nile se forme en 1993 à Greensboro, Caroline du Sud, Etats-Unis sous l'impulsion d'un musicien hors norme, Karl Sanders. Le génie de cet homme est d'intégrer dans ses compositions de death métal hyper technique aux riffs chirurgicaux, de la musique orientale et des effets sonores inspirés de l'Egypte antique. Ca fait mouche dans le milieu car c'est différent de ce que l'on connaît et encore plus brutal avec un 1er album « Amongst The Catacombs Of Nephren-Ka » et la consécration en 2005 avec « Annihiliation Of The Wicked » devenu l'album culte du quatuor américain.
Quand on lui demande d'où lui est venue cette idée, il vous dit très humblement qu'il s'est réveillé un matin avec cette idée et que de plus le style Death Metal avec son agressivité et son côté anti commercial était le meilleur moyen de véhiculer toute cette inspiration. Ca fait plus de 20 ans que ça dure et comme il le dit lui même, il a encore l'impression que tout a commencé hier.
Faisant suite à « At The Gate Of Sethu » au succès mitigé sorti en 2012, Nile nous accroche avec ce 8ème opus par un death métal plus basique par un retour aux fondamentaux. Un peu moins d'effets égypto-spéciaux même si la touche est bien présente notamment en intro de « In The Name Of Amun », ou sur l'intermède de 1'30'' « Ushabti Reanimator » ou encore par la présence de gongs typiquement antiques revenant de façon assez récurrente tout au long de l'album.
Plus de brutalité donc, dans l'exécution des riffs et de façon moins chirurgicale tout en conservant la précision comme le groupe nous a habitué depuis une dizaine d'années. Karl le principal compositeur a su écouter son public et ainsi créer un album plus brutal, plus rapide tout en respectant ses idéologies.
Il est clair que dès que l'on appuie sur la touche play de son lecteur de musique « Call To Destruction » ne fait pas dans la dentelle et vous envoie un « coup de pied au cul » comme le dit lui-même Karl Sanders au cours de l'interview qu'il nous a accordé (« kick ass »). Dès la 1ère seconde avec les cris de Dallas Toler (guitariste et 1er chanteur), les riffs acérés et ultra rapides de Karl (guitariste et 2d chanteur à la voix d'un possédé) et de Dallas puis les blasts dévastateurs de Georges Kollias en batteur apocalyptique rapidement relayés par la basse du dernier venu Brad Parris (accessoirement 3ème chanteur), puis 10 secondes plus tard, le chant guttural de Dallas incantant le titre (clip vidéo promotionnel avec les lyrics en lien ici), l'auditeur a affaire à du très très lourd. Cela ne fait que commencer que déjà on en veut plus !!
Et on est servi par un sombre, lourd et rapide « Negating The Abominable Coils Of Apep » sur lequel les riffs s'enchainent, Dallas vocifère à souhait et Karl relève l'abominable avec une voix d'outre tombe, grave, grasse, tel un Démon.... impressionnant et encore plus en live ! Le morceau est sombre et nous amène dans un monde sinsitre par la présence de la double caisse et de petites sonorités au tambourin accompagnant la voix possédée de Karl. C'est très technique et les changements se positionnent sans que l'on s'en aperçoive tellement c'est bien mené.
« Liber Stellae- Rubaeae » est plus binaire et commence avec un son de guitare très saturé type tronçonneuse et les blasts de Georges se font très rapides avec une double caisse omniprésente sur tout le morceau. Dallas vient vociférer par dessus appuyant franchement sur les mots et de façon très distincte. Le morceau est court et peu changeant et a pour but de tabasser l'auditeur et c'est chose faite. Nous sommes ici tout à fait dans la « kick ass attitude » que Karl a souhaité pour cet album avec un rythme plus lourd et plus incisif sur la dernière minute.
Arrive ensuite une intro orientale de 48'' pour « In The Name Of Amun ». Le rythme change effectivement brutalement mais ce n'est pas choquant car Nile sait le faire avec beaucoup de précision et de douceur pour repartir dans un style rapide, brutal et anti-technique comme Karl se plaît à le dire. Un thème mélodieux bien présent servira de trame au 6'49'' de cette composition alternant la voix gutturale de Dallas et celle démoniaque de Karl . Par ailleurs, Ce dernier enchaine sur un solo très rapide et de toute beauté à 3'10'' et pour 1'10'' accompagné des blasts dévastateurs. Les effets sonores et de choeurs donnent une atmosphère épique, incantatrice comme si l'on soulevait une armée pour partir en guerre, la guerre des riffs rapides et brutaux et des voix sinistres voire apocalyptiques dans la dernière minute du titre.
« What Should Not Be Unearthed » est sombre lourd: la guitare principale est distordue, la voix de Karl sinistrement grave et grasse créant un effet démoniaque. Puis c'est le déchainement: accélération du tempo, tout en conservant ce son distordu, asynchrone, maintenant ainsi cet effet de mal-être. Dallas et Karl alternent le chant au son des riffs ravageurs. Notons un break brutal (le gong récurrent de l'album) qui produit un effet monstrueux et démoniaque: des cris, de la souffrance comme si l on dérangeait des êtres supérieurs dans leur sommeil, le sommeil paisible des morts...
Très bel enchaînement à la suite du titre éponyme avec « Evil To Cast Out Evil » en conservant le même son clair de la lead guitare légèrement distordue et à la limite du solo dans sa rythmique. Dallas chante plus qu'il ne ne vocifère. L'auditeur est embarqué et transporté tandis que Dallas continue de nous transporter, déboulant sur l'alternance des voix à laquelle nous sommes habitué depuis le début de l'album incantant le refrain jusqu'au final.
« Age Of Famine » nous enfonce encore plus dans les ténèbres: c'est profondément sombre et démoniaque. Le texte est narré pas chanté, la musique est lente et lourde, elle nous tire en profondeur vers le Mal absolu et les growls de Karl y sont pour beaucoup dans cette sensation, le reste des instruments entrainés dans cette sinistre cadence. On ressent particulièrement ce phénomène du texte qui inspire les riffs que nous expliquait Karl au cours de l'interview.
« Ushabti Reanimator » est un interlude oriental, seul instant de l'album qui reprend le thème égypto-oriental si chère à Nile. Avec « Rape Of The Black Earth », Nile revient aux fondamentaux: un Death Metal bien gras, rapide et sombre sur au démarrage brutal par des riffs moins complexes et très rapides accompagnés des 2 chanteurs principaux.
« To Walk Forth From Flames Unscathed » démarre étrangement, c'est bourré d'effets sonores. L'atmosphère est pesante.
Ce titre clôture ainsi le 8ème opus de Nile. Le combo de Brutal Death Métal retrouve ici son énergie d'il y a 10 ans et nous livre un huitième album très bien construit, associant simplicité et technicité pour une brutalité retrouvée qui fait de «What Should Not Be Unearthed » un album gigantesque et pesant.