Outlaws 'til the End
DEVILDRIVER
«« Outlaws ‘til the End », un album en demi-teinte qui oscille entre reprises prodigieuses et morceaux passables, DevilDriver peut mieux faire»
12 titres
Nu-Metal (early), Groove/Melodic Death Metal (later)
Durée: 47 mn
Sortie le 06/07/2018
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Cette année, les Américains de Devil Driver ont décidé de proposer un album original avec « Outlaws ‘til the End », une compilation de reprises de chansons Country à la sauce Death Metal. La tentative est originale et peut être risquée mais allons tout de suite voir ce qu'il en est !
La cover de Hank3 qui ouvre l'album, « Country Heroes », a tout de l'ambiance d'un western qui tournerait au film d'horreur avec une voix moqueuse qui se mêle au scream brûlant de Dez Fafara. Le grand second rôle de cette chanson est sans conteste tenue par la batterie d'Austin D'Amond qui multiplie les changements rythmiques, permettant aux guitares de s'offrir des chevauchés mélodiques en toute liberté hors des sentiers battus. Avec « Whiskey River », le groupe donne presque dans du Deathcore pur et dur, avec une rythmique trépidante, voire épileptique et une voix saturée qui prend des accents presque angoissants et malsains. Le groupe impressionne par sa capacité à réécrire totalement les morceaux sur cet album. Plus rien n'arrête Mike Spreitzer et son camarade de jeu, Neal Tiemann, tant les deux guitaristes se renvoient la balle pour enchainer riffs dévastateurs et soli presque entraînants. Pour être honnête, je serais curieuse de savoir ce que The Eagles pensent de la cover de « Outlaw Man » que propose Devil Driver. Ce titre semble presque trop sobre par rapport aux précédents. En un sens, la version originale du morceau est toujours palpable mais de l'autre, Devil Driver n'hésite pas à en modifier des éléments ce qui donne une superposition trop étrange pour être fondamentalement réussie. Après un démarrage plutôt convaincant, le groupe se heurte à un premier obstacle de taille.
Avec « Ghost Riders in the Sky », le groupe nous rassure bien davantage tant la version initiale de la chanson est respectée et en même temps illuminée d'un nouveau jour grâce à cette version à l'image de Devil Driver : explosive, joyeuse et agressive ! Alors que le titre précédent pouvait inquiéter quand à la direction que prenait ce qui est presque un concept album, les fans du groupe peuvent s'apaiser puisque tout semble rentrer dans l'ordre. « I'm the Only Hell Mama Ever Raised » a tous les éléments pour être une chanson originale du groupe, sauf si on prête attention aux petites digressions musicales des guitares derrière le riff principal, qui est tout à fait dans la lignée Thrash Death habituelle, avec une batterie déchaînée. Je ne vous croirais pas si vous me dîtes que l'introduction de « If Drinking Don't Kill Me » vous a laissé de marbre tant elle rassemble à la perfection une ligne mélodique riche et une partie rythmique entraînante. L'arrivée plus tardive du scream ne fait que couronner ce qui s'annonce déjà comme l'un des grands morceaux de cet album. Le tourbillon infernale s'est mis en marche et personne ne peut l'arrêter ! Sans être un indispensable, « The Man Comes Around » a l'avantage de ne pas casser le bon rythme qui s'est instauré et de proposer une atmosphère toujours plus lourde en entêtante. Alors, vous n'avez toujours pas envie de lancer un bon petit circle pit ?
« A Thousand Miles From Nowhere » serait-elle la première balade de cet album ? La réponse ne sera pas un « Oui ! » franc et massif mais plutôt une tentative de ralentir le tempo, de souffler un peu et de proposer quelque chose de plus original mais tout aussi mélodique, en particulier en ce qui concerne la partie vocale. Le Sud chaud et sensuel des Etats-Unis fait son grand retour avec « Copperhead Road », en y ajoutant une pointe plus Metalcore grâce à des passages à la rythmique irrésistible et que je vous laisse découvrir ! Les fans de la série « Sons of Anarchy » seront probablement ravis de retrouver la chanson « Dads Gonna Kill Me », dans une version tout ce qu'il y a de plus réussie sur ce nouvel opus de Devil Driver ; mon conseil : laissez-vous porter par le refrain et les choeurs ! Les guitares repassent au premier plan pour l'endiablée « A Country Boy Can Survive » et son riff d'ouverture de génie. Le corps de la chanson repose finalement très majoritairement sur la rythmique groove que le groupe parvient à imposer et qui donne une furieuse envie de bouger. Après un début en demi-teinte, la fin de cet album semble être réellement soignée. Comme on s'y attendait, ce n'est pas avec « The Ride », pourtant dernière chanson de l'album, que la tempête allait se calmer, et pourtant le morceau est riche de propositions musicales.
Malgré quelques très bons morceaux, « Outlaws ‘til the End » reste émaillé de trop nombreuses mauvaises surprises. Avec un projet aussi ambitieux que celui-ci, Devil Driver se devait d'être irréprochable et ce n'est pas le cas, mais certaines des covers de cet album feront date, à n'en pas douter !