1755
Shades Of God
Journaliste
MOONSPELL
«On ne peut qu'être conquis par '1755', des compositions puissantes riches en orchestrations, un merveilleux chant en portugais et un concept aussi fascinant que déroutant»
10 titres
Black Metal (early), Gothic Metal (later)
Durée: 48 mn
Sortie le 03/11/2017
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On ne présente plus Moonspell, il faut dire qu'avec plus de 25 ans de carrière et des albums merveilleux ainsi qu'une forte présence sur les scènes mondiales, les Portugais marquent leur époque et leur nom est déjà associé à l'Histoire. Deux ans après 'Extinct' qui a rencontré un franc succès auprès de la presse et des fans, Moonspell fait son retour, et pas de n'importe quelle manière. '1755' ou comment le passé agit sur le présent.
On connait tous l'attachement viscéral du groupe envers son pays et ses racines. De plus Moonspell est une véritable entité au Portugal, ils sont au Metal ce que Cristiano Ronaldo est au football : une icône qui survivra bien longtemps après eux. Cet amour a lancé l'idée d'un concept aussi audacieux que formidable en revisitant l'une des plus grandes catastrophes que le pays ait connue, et en particulier la ville de Lisbonne, pour créer un album concept sur le tremblement de terre qui marque la destruction quasi-intégrale de la ville en 1755. Fernando Ribeiro, le charismatique leader de la formation nous explique que '1755' est vu comme étant « le récit d'un survivant du séisme vagabondant parmi les ruines ». Un concept comme vous le constater, riche en émotions diverses.
Sur le plan musical, '1755' fait nettement plus parler le côté brut et Heavy de Moonspell par rapport à 'Extinct'. Des riffs tranchants, lourds et agressifs, accompagnés par de majestueuses orchestrations qui donnent une dimension incroyable aux titres. Si ''Em Nome Do Medo'' en ouverture fait surtout découvrir les nombreux arrangements, dés le titre éponyme et ''In Tremor Dei'' tout se met en place pour un récital de près de 50 minutes durant lequel le Metal et les orchestrations sont indissociables. Sans excès de violences, on sent tout de même que Moonspell a pris le partie d'envoyer un album plus direct, plus consistant avec énormément de plans proches du Death Metal. Si parfois le rythme s'accélère comme sur ''Desastre'' et ''Evento'' c'est pour mieux surprendre l'auditeur avec des breaks où de sublimes choeurs féminins, masculins et mixtes donnent une ampleur singulières aux compositions. Les Portugais se permettent également de sonner old school avec le puissant ''1 De Novembro'' qui n'est pas sans rappeler les premières heures du groupes et notamment 'Irreligious'. Ce qui frappe est cette émotion palpable qui se dégage à chaque instant, une émotion due aussi à ce choix d'utiliser le portugais au chant, Fernando Ribeiro éclabousse de son organe et son talent chaque minute de '1755' en ajoutant du sublime au sublime.
Au moment du bilan, on ne peut qu'être conquis par '1755', des compositions puissantes riches en orchestrations, un merveilleux chant en portugais et un concept aussi fascinant que déroutant. Moonspell régale du début à la fin en faisant parler autant sa force que la subtilité, '1755' est déjà un classique pour les fans.