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E

Enora
Journaliste

Enslaved

« E », Enslaved nous montre qu'il se renouvèle tout en mettant en avant l'esprit originel du groupe
6 titres
Progressive Black/Viking Metal
Durée : 50
Sorti le 13/10/2017
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Enslaved en a fait du chemin depuis sa première demo, en 1991 ! Quatorze albums plus tard, nous retrouvons cependant toujours le duo originel : Grutle Kjellson au chant et à la basse et Ivar Bjornson à la guitare ; mais pour le nouvel album du groupe, sobrement intitulé « E », la formation, dont le reste des musiciens n'a pas changé depuis 2002-2003, a accueilli Hakon Vinje au clavier et chant clair. Deux ans après « In Times », nous retrouvons donc les Norvégiens autour d'un album aussi intrigant que merveilleux.

L'album s'ouvre sur des chants d'oiseau, le crissement du bois, des hennissements de chevaux, un battement lourd et profond, puis une voix humaine avec le morceau « Strom Son ». Une mélodie très douce et atmosphérique s'installe lentement, aussi légère que la nuit tombante. La batterie et la basse supportent la mélodie à la guitare, le tout sur un fond sonore discret. L'arrivée de la voix est accompagnée d'une intensification de la musique dont la puissance est doublée par des choeurs en voix claires et des passages en scream. Les guitares finissent par reprendre la première place dans cette composition musicale avec une ligne mélodique plus traditionnelle et rythmée. Le scream se durcit et devient guttural. Un passage entièrement instrumental et très imposant vient en quelques sortes couper le morceau en deux parties distinctes. La seconde moitié est bien plus puissante et sombre.

Avec « The River's Mouth », Enslaved reprend les codes qui ont fait son succès : une ligne musicale lourde mais néanmoins très mélodique assurée par les guitares, un chant mêlant voix claire et scream, une batterie et une basse toujours présentes et garantissant une rythmique entraînante. Le titre « Sacred Horse » semble débuter de manière légère, comme le tout premier titre de « E », mais il ne tarde pas à se transformer en tourbillon infernal ! La batterie est martelée et les guitares s'en donnent à coeur joie en s'associant parfois à des choeurs. Des sonorités presque dissonantes résonnent puis un clavier entre en scène. Un passage entre guitare acoustique et électrique, simplement accompagnée par la batterie intervient au milieu du morceau, on en a la chair de poule…

Le début d' « Axis Of The Worlds » peut vous laisser perplexe, en particulier avec les guitares au son presque Blues-Country, mais le groupe parvient, tout en conservant ces sonorités originales, à créer un morceau dans la plus pure veine du Black Viking Metal. La batterie est galopante et le clavier fait son retour sous les screams du chanteur, qui ne renonce jamais à quelques passages en voix claire et aérienne. La chanson est angoissante et puissante, on ne peut y rester indifférent, que l'on aime ou pas. Dans mon cas, j'adore l'atmosphère mystique qui s'en dégage, sans doute grâce au contraste entre la mélodie et les choeurs.

Si vous ne savez pas que vous écoutez Enslaved et que vous entendez les premières notes de « Feathers Of Eohl », vous pourriez presque croire qu'il s'agit d'un groupe de Free-Jazz. Les choeurs, presque en voix saturée, se posent sur cette ligne musicale presque naturellement, tout comme la voix du chanteur, tout en maîtrise. Le morceau s'apaise peu à peu jusqu'à devenir un duo vocal sur fond musical minimaliste. Et on finit sur « Hiinsiight », une chanson tout en douceur jusqu'à l'arrivée des monstrueux screams du chanteur qui a un contrôle incroyable de sa voix gutturale grave ! Cela me ferait presque penser au chant diphonique mongol à certains moments. Un saxophone fait une brève apparition et s'intègre très bien au reste de la composition musicale. L'album s'éteint ensuite doucement, dans le calme.

« E » est un album aussi complet qu'original. Si Enslaved nous propose des chansons aussi excellentes que par le passé, on sent de nombreuses tentatives musicales assez uniques et qui pourraient rebuter au premier abord mais qui s'insèrent finalement très bien à l'ensemble si on prend la peine d'aller au bout des chansons. Le groupe nous montre qu'il parvient à se renouveler tout en conservant et en mettant en avant l'esprit originel d'Enslaved !

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