Anibal Berith Journaliste | Shades Of God Journaliste |
La Chronique de Anibal Berith
Quand tu reçois le dernier album de Cannibal Corpse à chroniquer, ce n'est pas n'importe quel album, ni n'importe quel groupe! C'est Cannibal Corpse, les maîtres incontestables et incontestés du brutal death old school! C'est vrai, je l'admets, je m'emballe un peu, c'est pas comme si c'était mon groupe préféré, le groupe qui m'a fait découvrir le brutal death alors que je n'avais que 17 ans, le groupe que je cite systématiquement lorsque l'on me demande quel groupe représente le plus ce que j'écoute lorsque je parle de mon sombre univers musical.
Fan de la première période, celle avec Chris Barnes aux commandes vocales, j'ai tendance à être d'accord avec l'adage ''you can only trust yourself and the first four Cannibal Corpse albums'', George ''Corpsegrinder'' Fisher ne m'ayant jamais vraiment convaincu.
J'ai donc délaissé quelque peu le groupe, survolant sa seconde carrière que je trouvais peu innovante et il y a eu ''Torture'' qui marquait une sorte d'évolution comme une renaissance avec des morceaux plus novateurs, plus aboutis, proposant quelque chose de moins linéaire.
Cet album fut rapidement relayé, deux ans plus tard, par l'excellent ''A Skeletal Domain'' qui enfonce le clou sur ce que veut faire le quintet floridien et voilà que seulement trois ans plus tard, les compositeurs du combo Paul Mazurkiewicz et Alex Webster remettent le couvert en proposant leur quatorzième album studio ''Red Before Black'', en embauchant le meilleur producteur du moment de la scène death, Erik Rutan.
Alors, maintenant que je vous ai bassiné avec mon intro un peu longue, que penser de cet opus de 3/4 d'heure s'étalant sur 12 titres, je vous le donne en mille, c'est une tuerie!! J'ai beau être un grand passionné du groupe, je tache de rester le plus objectif possible . ''Red Before Black'' est un album très bien produit sur lequel Rutan a réussi à retranscrire l'essence même du quintet en respectant leur univers gore et leur son old school qui atteint ici une précision chirurgicale (écoute au casque comme sur enceintes).
Adoptant un style très direct et efficace, l'album est bien équilibré avec des chansons de moins de quatre minutes en moyenne. On ressent même l'influence des débuts (''Firestorm Vengeance'') ou celle des petits copains de l'époque par les soli déjantés à la Slayer apparaissant en fin des titres ''Only One Will Die'' et ''Red Before Black'' ou encore le refrain à la ''Dead By Dawn'' de Deicide sur ''Corpus Delicti''.
Pas de trace de Morbid Angel, Rutan a réussi à laisser sa patte personnelle de côté pour mettre en exergue le travail des californiens et c'est une réussite.
Démarrant de façon très directe après l'intro volumineuse de ''Only One Will Die'', on sent que l'album s'annonce dense et brutal avec une grosse rythmique au son bien gras et tronçonné et un tempo de blast variable, Paul passant aisément du mid tempo plus ou moins énergique aux blast beats dévastateurs par des break venus d'un autre monde.
On perçoit l'ensemble des instruments jouant en parfaite harmonie, la rythmique intégrant un peu plus de dissonance qu'à l'accoutumée. De plus le chant de Fisher a considérablement progressé et se pose avec précision tout au long de la galette avec une bien meilleure diction (effet Rutan).
Globalement, l'album est très direct et ne fait pas dans la dentelle, comme j'aime à dire, ça TARTINE!!! (''Red Before Black'', ''Firestorm Vengeance'', ''Heads Shoveled Off'', ''In the Midst of Ruin'', ''Hideous Ichor'').
La galette se démarque avec des titres plus complexes à l'univers plus sombre, voire malsain, comme par exemple le très varié titre promotionnel ''Code of the Slashers'', associant lourdeur et brutalité avec une composition ''boomerang'' où l'on se reprend en outro, la partie musicale sordide servant d'intro. Une ambiance malsaine qui glisse sur le plus dynamique ''Shedding My Human Skin'', Cannibal Corpse se permettant même le luxe d'inclure des parties ''groovies'' sur ''Destroyed Without a Trace''.
Amoureux de la basse, il est impossible de passer à côté du génial ''Corpus Delicti'' où Alex s'est concocté une place de choix s'accordant une intro monumentale et un solo dantesque magnifiant une chanson lourde et dissonante très old school.
C'est ainsi que défile le disque, alternant le tempo tout en mettant en avant des riffs incisif et brutaux. La tracklist est cohérente et propose des chansons denses et complexes exécutées avec une précision chirurgicale. Cannibal Corpse se bonifie avec l'âge et reste clairement en haut de la hiérarchie du Death Metal tout en conservant ses racines old school. A écouter sans relâche!
La Chronique de Shades Of God
Quand on parle de Death Metal, il est impossible ne pas mentionner Cannibal Corpse. En près de 30 ans, les Américains ont réussi à élever le gore et la violence à un rang totalement incroyable, en associant autant la brutalité visuelle qu'auditive.
À l'heure de la parution de leur quatorzième album, 'Red Before Black', inutile de vous dire que les fans sont dans une attente à la limite du soutenable. S'il est vrai qu'au départ Cannibal Corpse a construit sa carrière en misant gros sur l'imagerie - qui ne se souvient pas des artworks des 4 premiers albums - la violence dégagée par leur musique a subjugué et a surtout entrainée avec elle une cohorte de fans indéfectibles, même après le séisme que fut le départ de Chris Barnes. Un mal pour un bien, puisque depuis, le groupe est devenu une véritable machine, une quasi entreprise qui traverse régulièrement la planète et prend part aux plus grands festivals Metal.
Dire que 'Red Before Black' s'inscrit dans la suite logique de 'Torture' et 'A Skeletal Domain' est une évidence. Cannibal Corpse n'est pas connu pour se réinventer à chaque album, cependant, on constate très vite que pour ce nouvel opus, les Américains ont opté pour un style plus direct et épuré que par le passé récent. C'est bien entendu du Brutal Death gore à souhait, joué à 1000 à l'heure, mais 'Red Before Black' est bien plus franc que les dernières sorties. Très crues, les compositions vont droit à l'essentiel sans s'encombrer de superflu.
"Only One Will Die", "Code of the Slashers", "Heads Shoveled Off" font dans le grand standard mais le font excellemment bien. Des riffs ultra gras, des blasts furieux et évidemment les growls apocalyptiques d'un George « Corpsegrinder » Fisher en pleine forme.
Cannibal Corpse joue également sur le terrain de la nuance avec des morceaux comportant de nombreux changements de rythmes, après un départ lourd "Corpus Delicti" repart sur des bases plus rapides, puis redevient extrêmement étouffant. "Remaimed" et "Firestorm Vengeance" suivent également le schéma avec une basse bien mise en avant, et quelques leads guitares et soli bien sentis.
Ce qui frappe terriblement sur 'Red Before Black' est indubitablement ce sentiment permanent d'entendre un groupe qui décide d'aller droit au but sans passer pour des arrangements qui déforment l'aspect organique. C'est presque comme si les titres avaient été enregistrées en 2 ou 3 prises maximum, l'important c'est d'en coller plein la vue et sans artifices. De là à penser que Cannibal Corpse a souhaité renouer avec les méthodes du passé pour sonner old school il n'y a qu'un pas.
Difficile à affirmer de prime abord mais pas impossible notamment quand on écoute "Scavenger Consuming Death" qui fleure bon les années 90 avec ses riffs basiques foutrement efficaces.
Avec 'Red Before Black' Cannibal Corpse continue sa brillante carrière en offrant un album à la fois puissant, direct et inspiré. Plus que jamais ce groupe marque l'histoire du Metal Extreme et éclabousse la scène Death Metal pas seulement de viscères mais aussi grâce à son génie créatif.