Report DISENTOMB / AVERSIONS CROWN / OCEANO / CARNIFEX @ Le Petit Bain le 04/03/2018!
Peetoff
Journaliste

«La soirée a tenu ses promesses et la tension n'a cessé de croître et la température de monter. »

Créé 04/03/2018
6932 vues

Report : Enora Nattfödd

Report DISENTOMB / AVERSIONS CROWN / OCEANO / CARNIFEX @ Le Petit Bain le 04/03/2018

On vous avoue qu'on ne pouvait pas manquer le concert de ce soir avec la superbe affiche aux différentes tonalités de Deathcore et styles voisins qui nous attend au Petit Bain. Disentomb va ouvrir la danse, suivi d'Aversions Crown et d'Oceano, que nous avions déjà eu l'occasion de voir en première partie de Thy Art Is Murder, et Carnifex tiendra le rôle principal ! On commence sans plus attendre, avec une fosse tout d'abord clairsemée.

Comme je vous le disais, Disentomb est le premier groupe à monter sur scène pour nous lancer sur du Brutal Death bien senti avec « Pyres Built From Their Severed Wings ». Il y a assez peu de monde pour l'instant, en particulier juste devant la scène, ce qui laisse un peu de place aux premiers mosh pits. Le chanteur occupe bien l'espace avec des attitudes et des mimiques assez courantes dans le genre, une certaine sobriété, radicalement différente de ce que nous proposerons les frontmen des groupes suivants. Avec « Abominations Created Through Divinity », on continue dans un ton lourd, agressif et puissant, mon seul regret est que les compositions manquent parfois de réflexion. Jusqu'ici, Disentomb prouve qu'ils sont un très bon groupe de première partie, capable de chauffer une salle, mais on a vu mieux. « Chthonic Gateways » s'enchaine assez rapidement, confirmant mon impression première : le groupe a un set assez court et met uniquement l'accent sur la musique, et pas sur la communication. Ce choix est judicieux et permet de profiter des compositions du groupe, qui semblent convaincre le public. Du coup, on ne perd pas une seconde et on passe à « Genesis of Misery » et « An Edifice of Archbestial Impurity ». Tout est dans le titre de ces morceaux : la batterie est explosive, la basse lourde à souhait et la voix dégage une certaine force. La setlist, de neuf titres tout de même, permet de mettre en valeur les deux albums du groupe. La chanson suivante, « Indecipherable Sermons of Gloom » est d'ailleurs une exclusivité dont vous pourrez sans doute retrouver des vidéos live sur internet, pour les plus curieux ! La fin du set est aussi énergique et explosive que l'ouverture avec « Cystic Secretion », et enfin « Vultures Descend ». Disentomb a proposé un show de bonne qualité mais, autant vous prévenir tout de suite, Aversions Crown va mettre la barre bien plus haut !

Setlist de Disentomb :
1- Introduction Song
2- Pyres Built From Their Severed Wings
3- Abominations Created Through Divinity
4- Chthonic Gateways
5- Genesis of Misery
6- An Edifice of Archbestial Impurity
7- Indecipherable Sermons of Gloom
8- Cystic Secretion
9- Vultures Descend

Aversion Crown s'est révélé être une excellente surprise pour moi, d'autant plus que le groupe a proposé le meilleur set de la soirée, selon moi. L'ouverture se fait avec « Oh Sweet ! », très rapidement suivie de « Ophiophagy », tirée de leur album du même nom paru en 2016. Je trouvais que le chanteur de Disentomb se débrouillait très bien, mais Mark Poida est tout bonnement prodigieux, que ce soit dans ses capacités vocales, sa présence scénique ou le sourire dont il ne se départira pas de tout le show. Avant « The Soulless Acolyte », il se propose d'ailleurs de réveiller la fosse, qui continue lentement mais sûrement de se remplir : « Pour la chanson suivante, j'ai besoin d'un circle pit, là au milieu, et j'ai besoin que le premier rang headbang. ». La formulation de cette demande en fera sourire plus d'un et c'est vraiment ce que je retiens de ce concert : une énergie extrêmement positive et beaucoup de bienveillance autour d'une musique plus que violente et de qualité ! On passe maintenant à « Prismatic Abyss » puis « The Oracles of Existence ». J'avais été prévenue, Aversions Crown s'affirme sans difficulté comme un groupe incroyablement puissant et talentueux qui ne manque pas d'expérience. Alors que le premier groupe était assez silencieux, que ce soit le chanteur ou les musiciens, Aversions Crown nous propose quelque chose de bien plus actif et les musiciens ne se privent pas de demander des circle pit et mosh pit sans fin, mais ils n'oublient pas les premiers rangs, assez serrés, qu'ils invitent à headbanguer. Le chanteur reprend alors la parole : « On est Aversion Crown, on vient d'Australie. Qui nous a déjà vus ? (Quelques personnes lèvent la main, le chanteur sourit puis leur tire la langue en riant) Et qui a écouté notre dernier album ? (A nouveau, quelques poings se lèvent et quelques cris de soutien retentissent) Ah c'est cool de vous voir ! Notre groupe parle de l'invasion de la Terre par des aliens qui déciment l'espèce humaine, ce qui est mille fois mieux pour notre planète en fait. On passe maintenant à la chanson suivante ! ». Et cette chanson sera « Erebus », une vraie petite bombe sortie en 2016 et que je ne saurais que trop vous recommander. Malgré le sujet très original du groupe, l'invasion alien, Aversions Crown est plutôt relativement classique dans ses compositions. Mais cela donne davantage de puissance à leur performance live, d'une qualité rare ! La fin du set se fait sentir, et le public redouble d'ardeur pour « Hollow Planet ». Avec regret, les musiciens quittent la scène et laissent la place à Oceano, que je me réjouis déjà de retrouver.

Setlist d'Aversions Crown :
1- Oh sweet!
2- Ophiophagy
3- The Soulless Acolyte
4- Prismatic Abyss
5- The Oracles of Existence
6- Erebus
7- Hollow Planet

Comme je vous le disais, j'ai déjà pu voir Oceano en première partie de Thy Art Is Murder et j'en ai gardé un très bon souvenir, en particulier grâce aux influences bien plus Djent du groupe, ce qui permet d'avoir des rythmiques plus entraînantes, voire carrément dansantes, ce que le chanteur du groupe semble avoir bien compris puisqu'il gesticule en tous sens, nous motivant sans cesse à l'imiter. « The Taken » et « Dead Planet » sont les premiers titres à résonner dans Le Petit Bain, qui est maintenant bien rempli. Contrairement au concert avec Thy Art Is Murder, le son est de bonne qualité et permet de profiter de toutes les lignes musicales. On sent l'envie du chanteur de communiquer avec nous, mais il faut attendre la fin de « A Mandatory Sacrifice » pour qu'il échange quelques mots avec nous, visiblement ravi d'être à Paris. Après « Weaponized », Adam Warren, le frontman, nous offre un bref moment d'émotion en déclarant : « On n'aime pas parler de public, ni de fans pour vous définir. En fait, vous êtes notre famille et on veut que vous vous souveniez que, sans vous, ce groupe n'existerait même pas. Cette chanson est votre hymne, profitez de « District of Misery ». La fosse est en ébullition et le headbang des premiers rangs s'accordent à merveille avec une foule bondissante et quelques mosh pits. Alors que tous les membres d'Aversions Crown semblaient investis dans le show, ceux d'Oceano sont plutôt discrets, se réfugiant derrière la monstrueuse aura de leur leader qui multiplie les invectives à notre égard, comme sur « Nephilim », mais il faut attendre « The World Engine » pour qu'il prenne à nouveau longuement la parole : « Peu importe ce que vous croyez, ça n'appartient qu'à vous et ça ne me regarde pas, mais le message de ce groupe est aussi de vous dire de faire attention à ce que vous trouvez sur internet, ce que vous savez par la soi-disant culture générale, et de penser par vous même en cherchant plus loin, en vous cultivant en profondeur avant de vous faire une opinion que vous irez défendre. Et je pense que tout le monde croit en un Créateur a l'origine de la vie, mais réfléchissez bien, qui a créé ce Créateur ? ». « Human Harvest » est l'occasion parfait de redemander un circle pit auquel la fosse se plie volontiers, malgré le peu d'espace. La soirée monte en puissance graduellement, bien qu'Aversions Crown ait, selon moi, proposé le meilleur concert. Adam Warren s'avance : « Il nous reste deux chansons alors un grand merci à vous. Hier c'était un jour off donc c'est un vrai plaisir de remonter sur scène ce soir, surtout à Paris ! La prochaine chanson s'appelle « Lucid Reality ». » Maintenant qu'on sait que le set touche à sa fin, plus personne n'a d'excuse pour ne pas se lâcher, et il va falloir se donner à fond puisque la dernière chanson doit se mériter, aux dires du chanteur : « Alors Paris, vous êtes prêts pour Carnifex ? (Il prend alors un air peu convaincu et s'adresse à nous comme un professeur devant des enfants, agitant le doigt en rythme) Je. N'en. Suis. Pas. Convaincu. C'est notre dernière chanson alors vous allez devoir le prouver, je veux que ce soit le chaos ! ». La fosse hurle alors que « Dawn Of Descent » s'élève.

Setlist d'Oceano :
1- The Taken
2- Dead Planet
3- A Mandatory Sacrifice
4- Weaponized
5- District Of Misery
6- Nephilim
7- The World Engine
8- Human Harvest
9- Lucid Reality
10- Dawn Of Descent

Mais voici enfin le groupe principal et tant attend : Carnifex ! Pour être honnête, je suis relativement surprise que ce groupe fasse salle comble et pas les premiers groupes, qui étaient réellement excellents. « Dark Heart Ceremony » parvient à nos oreilles. Il n'en faut pas plus pour convaincre le public de se mettre en action, ce qui prend la forme d'un mosh pit plein de vie et de force. Vous croyez connaître la définition du mot « chaos » ? J'en doute, à moins que vous n'ayez assisté à ce concert qui a fait tanguer Le Petit Bain en tous sens. Sur « Slit Wrist Savior » comme sur « Slow Death », les slam, mosh pit et wall of death se succèdent sans fin ! J'en profite pour souligner l'originalité de l'apparence du chanteur du groupe qui reprend une esthétique bien plus proche du Gothic Metal, ce qui attire l'attention mais ne choque pas. « Drown Me In Blood » constitue la suite du programme, bientôt suivie de « Hatred And Slaughter ». Tous les musiciens sont plutôt investis sur scène mais il faut se rendre à l'évidence, cette soirée est marqué par des musiciens en retrait derrière des frontmen incroyablement puissants et présents ! Scott Lewis s'adresse d'ailleurs à nous : « La première fois qu'on est venu à Paris, c'était en 2008, en première partie de Parkway Drive. Et on va revenir aux morceaux qu'on a sorti cette année là avec « In Coalesce With Filth And Faith », qui vient de notre album « The Diseased and the Poisoned ». Qu'on aime ou pas leur musique sur album, tout le monde peut tomber d'accord sur le fait que les prestations live du groupe sont d'une grande qualité, d'autant plus que leur frontman adopte presque la même attitude que certains chanteurs de Black Metal, maître de cérémonie ou grand gourou dans l'âme, et qui parviennent à emporter toute une fosse avec eux en un claquement de doigts ! Mais « Black Candles Burning » et « Die Without Hope » se sont déjà enchaînées, juste avant « Until I Feel Nothing », une chanson qui brille encore par sa puissance déchaînée et brute. On sent que le public aime ce groupe, et les musiciens le rendent d'ailleurs bien, malgré une certaine froideur des guitaristes. A mon avis, le groupe joue de sa grande popularité pour s'épargner quelques efforts, d'autant plus que je reste convaincue de l'excellence du show d'Aversions Crown, avec lesquels Carnifex ne rivalisent pas. Mais tout le monde profite malgré tout de leur belle performance, puisque leur investissement reste palpable. Le chanteur prend le temps de fixer les fans du premier rang dans les yeux, d'effleurer quelques mains et de jouer la carte de la folie dramatique, comme sur « Dark Days », qui laisse pressentir la fin du show. Les fans n'en démordent pas : ils donneront tout ce qu'ils ont, et la chaleur se fait étouffante ! Après « Lie To My Face », c'est la classique mais toujours très appréciable et appréciée « Hell Chose Me », à laquelle on ne peut échapper.

Setlist de Carnifex :
1- Dark Heart Ceremony
2- Slit Wrist Savior
3- Slow Death
4- Drown Me In Blood
5- Hatred And Slaughter
6- In Coalesce With Filth And Faith
7- Black Candles Burning
8- Die Without Hope
9- Until I Feel Nothing
10- Dark Days
11- Lie To My Face
12- Hell Chose Me

La soirée a tenu ses promesses et la tension n'a cessé de croître et la température de monter. Disentomb a offert une ouverture maîtrisée et pleine de fougue mais a été balayé par le merveilleux set d'Aversions Crown, plus qu'une révélation pour moi ! Oceano a été fidèle à lui-même, en particulier grâce au talent du chanteur qui insuffle de la vie au groupe comme à la fosse, permettant d'atteindre le paroxysme avec Carnifex qui a tout simplement embrasé la fosse !


Chroniques
Interviews