Nothing More @ Casino de Paris, 06/11/2018
Neyelia
Journaliste

«Jonny me semble bien plus en forme vocalement que l'an dernier, il en serait presque bluffant. Ses trois comparses ne dénotent pas, tout est en place, le sens du show américain n'est décidément pas une légende»

Créé 06/11/2018
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1ère fois dans une salle, c'est toujours marquant. Les yeux grands ouverts pour s'imprégner des lieux, ne perdre aucune miette, repérer tous les détails, qui au fil du temps deviendront familiers. 
Alors c'est avec un regard vierge malgré une solide connaissance des salles parisiennes que je m'engouffre dans le Casino de Paris et son écrin vermillon.
C'est un lieu mythique et historique qui a vu défiler Mistinguett, Maurice Chevalier, Joséphine Baker, Line Renaud, Tino Rossi ou encore Serge Gainsbourg ! Rien que ça. Mais assez de name-dropping, ce soir c'est pour les Gallois de Bullet For My Valentine que le Casino s'est habillé – j'en conviens, ça n'a pas grand-chose à voir. Et comme l'affiche est plutôt bien garnie, en qualité comme en quantité, ça commence tôt, très tôt ! En conséquence, les premiers entrés en font les frais.

C'est malheureux, car les anglais de SHVPES (prononcez Shapes) méritent d'être découverts. Ils débarquent à 18h45 devant les quelques fidèles déjà au rendez-vous et attaquent avec un entrain jamais entamé leur set, bien trop court à mon goût. Musicalement, ça reste du metalcore, et ça tombe bien, c'est ce qu'on est venus voir ce soir. Les influences du groupe ne se limitent pourtant pas aux classiques du heavy metal, dont ils sont pourtant en bonne place pour l'héritage. On ressent nettement le côté plus « urbain » dans leur musique, et l'attitude du frontman y contribue grandement, on pourrait presque l'envoyer sur scène avec les plus grands rappeurs dont il a définitivement la dégaine. Avec un set quasi à 100% baigné de lumière rouge, qui se fond avec le splendide short à carreaux dudit frontman, ne comptez pas sur le light-show pour vous « mettre dedans » ! Et d'ailleurs, la fosse reste malgré tous les efforts du groupe assez statique. Il faut dire que pour eux, la tâche n'est pas aisée, 1er des quatre groupes à l'affiche ce soir, l'espace sur scène est plus que restreint, et il n'est pas rare que les musiciens doivent s'éviter au dernier moment durant leurs déplacements. Pour ceux qui ne connaissaient pas et ont l'impression de rester un peu sur leur faim, je ne saurais que trop vous conseiller d'y retourner dans de meilleures conditions, ça vaut le coup d'oeil !

Setlist :

1. Undertones
2. State Of Mine
3. Skin & Bones
4. Someone Else
5. Afterlife
6. Calloused Hands

C'est ensuite au tour des américains de Nothing More de prendre place sur cette scène toujours aussi encombrée, surtout quand l'imposant « Scorpion Tail » fait son entrée. Connaissant les habitudes sautillantes de Jonny Hawkins, chanteur de la formation, je serre un peu les dents ! Et leur amour de la lumière rouge est visiblement toujours aussi prononcé… j'avais de mauvais souvenirs de leur concert des Etoiles sur ce plan (et uniquement sur celui-ci), ce n'est malheureusement pas bien mieux ce soir. Pour tout le reste, le groupe fait le job, avec toujours autant d'énergie. Jonny me semble bien plus en forme vocalement que l'an dernier, il en serait presque bluffant. Ses trois comparses ne dénotent pas, tout est en place, le sens du show américain n'est décidément pas une légende. Malheureusement l'ambiance dans la salle n'est toujours pas vraiment au rendez-vous, et je commence à douter qu'elle le soit ce soir. Si vous voulez du pogo dans tous les sens, je préfère vous envoyer de suite au Gibus devant Agnostic Front, ici on se demanderait presque pourquoi on n'a pas gardé les sièges dans la fosse du Casino de Paris ! Cela n'empêche pas les 4 texans de se donner corps et âme, jusqu'à l'épilogue tant attendu où Jonny et Mark nous sortent le grand jeu : Jonny perché sur cette drôle de structure qu'est le Scorpion Tail, contrôle avec des poignées le son de la guitare de Mark, le rendu est visuellement spectaculaire, et se rapproche de la musique électronique, mélange réussi !

Setlist :

1. Do You Really Want It?
2. Let 'em Burn
3. Go to War
4. Fadein/Fadeout
5. Jenny
6. This Is The Time (Ballast)

C'est au tour des Californiens d'Of Mice & Men de monter sur les planches. Très bons en studio, les 4 chevelus commencent fort avec Defy, le titre d'introduction qui ouvre leur récent album éponyme. Et justement, tout le show sera assez fidèle aux albums. Très appliqués et mais assez conventionnels, ils auront eu le mérite de jouer des morceaux bien pêchus entremêlant hargne et mélodie. D'ailleurs, même si le groupe officie dans ce même milieu metalcore que les headliners du soir, j'avoue ma surprise de les avoir vus sur cette affiche largement moins heavy que la musique que le quatuor délivre. Visuellement parlant, on tient là notre palme d'or de la lumière pourrie, le bleu-violet est à l'honneur, comme toujours avec le groupe. Et malheureusement, chanteur-bassiste coincé derrière son pied de micro oblige, la prestation demeure assez statique. Du coup, même si l'énergie de leur musique ne laisse personne indifférent, ça ne décolle pas plus que ça en fosse, même si quelques slammeurs commencent à atterrir dans les bras des agents de sécurité. C'était au final la mise en bouche qu'il nous fallait avant d'attaquer le plat de résistance !

Setlist :

1. Defy
2. Warzone
3. Unbreakable
4. Would You Still Be There
5. You Make Me Sick
6. Bones Exposed
7. Instincts
8. The Depths

C'est donc après de longues minutes d'attente et les habituels changements de plateau que nous arrivent nos Gallois en mode beau gosse. Techniques et virtuoses, les guitaristes bénéficient d'une belle acoustique pour faire rugir leurs guitares. Le bassiste est lui toujours aussi rageux sur les parties saturées, qu'il assure désormais quasi-seul. Quant au batteur, Jason Bowld, dont c'est le premier cycle complet avec le groupe, il est toujours aussi appliqué et impressionnant techniquement. Moins en vue que ses camarades aux cordes, tout au fond de la scène sur son estrade, il aura son quart d'heure de gloire pendant le très convenu drum solo, plutôt réussi d'ailleurs. Pendant cette heure quarante, on ne s'ennuie pas ; le répertoire de Bullet For My Valentine est assez large pour offrir du new et du old school, toujours avec talent. Pour autant, si vous comptez sur le groupe pour vous offrir un show survolté, changez de crèmerie ! Ici, tout le monde reste derrière son pied de micro, et c'est au final un peu dommage au vu de la qualité et de l'énergie des compositions. Le show n'en reste pas moins très propre et millimétré, et les arches lumineuses sont du plus bel effet, et le groupe est en forme. Matt Tuck semble enfin en selle vocalement, brillamment secondé par Jamie Mathias. Michael Paget, de son côté, est toujours aussi communicatif, et ce ne sera pas pour déplaire au public venu nombreux pour cette date sans fausse note.

Setlist :

1. Don't Need You
2. Over It
3. Your Betrayal
4. 4 Words (To Choke Upon)
5. Worthless
6. Letting You Go
7. The Last Fight
8. Venom
9. Not Dead Yet
10. Drum Solo
11. Scream Aim Fire
12. You Want a Battle? (Here's a War)
13. Piece of Me

14. No Way Out
15. Suffocating Under Words of Sorrow (What Can I Do)
16. Tears Don't Fall
17. Waking the Demon

Live report à 4 mains, dont une pour la bière, écrit avec Maître Jim