What's Next? - The Sisyphus sessions
Aldo
Journaliste

7 WEEKS

«Porcelaine de Limoges»

6 titres
Rock
Durée: 25 mn
Sortie le 27/11/2020
2768 vues

La COVID – cela a déjà été dit et répété dans maintes chroniques en ces lieux- impacte l’activité des artistes, les obligeant à remettre en question leur modèle, aujourd’hui majoritairement soutenu par les concerts que la pandémie ne permet plus d’organiser. Les confinements successifs ayant mis à bas ce système, il faut faire preuve de créativité pour assurer un futur malgré tout bien flou pour le moment.

Ainsi en est-il des limougeauds de 7 WEEKS, amenés à devoir rebondir sur la sortie de leur dernier opus « Sisyphus » en prolongeant le processus initié pour l’enregistrement de cet album. En d’autres termes : puisqu’il n’est pas possible de soutenir la sortie du disque par une tournée, comment en assurer la promotion, et si possible en sortant de la désormais – sans reproche aucun, ceci étant dit – solution établie du concert en streaming ?

Parti a donc été pris de sortir l’ EP objet de la présente chronique, en exploitant le travail déjà établi sur leur dernière galette (mais pas que…).
Ce dernier peut être divisé en trois parties, chacune d’entre elle répondant à une stratégie distincte.

Dans la première, constituée par les deux titres « Intimate Hearts » et « Valhalla », il est proposé de simplement prolonger le processus créatif initié sur « Sisyphus », en exploitant un titre mis de côté pour « Sysiphus » (car trop sombre au regard des autres pistes retenues), accolé à un inédit original. L’atmosphère un tantinet dépressive du premier, est mise en contraste avec l’énergie plus purement rock du second. Quoi qu’il en soit, elle assoit la capacité du quartet à jouer brillamment avec l’électricité.

En seconde partie, 7 WEEKS décide de présenter une source majeure d’inspiration, qui ne transparaît pas forcément, ni de façon évidente, dans ses œuvres. Nous vous renvoyons à l’excellente interview du groupe publiée dernièrement chez nos éminents confrères de ROCK HARD, dans laquelle Julien Bernard dévoile sa dévotion –partagée avec le batteur Jérémy Cantin-Gaucher- pour King Crimson. Et effectivement, l’écoute de cette reprise du « Cirkus » du Roi Cramoisi met en évidence quelques connexions avec l’univers musical des limougeauds. Votre serviteur n’étant pas expert de l’œuvre originale (asseyant ainsi le statut de groupe culte de Crimson), soulignera ici la qualité de l’exécution d’un titre ma foi assez tordu (en même temps, on parle tout de même de Rock Prog, hein…)

Enfin, trois titres issus de « l’album au bison » (je vous renvoie à la pochette de « Sisyphus ») sont ici proposés dans une relecture « acoustique » (il serait plus exact de dire « en son clair », toute saturation étant ici gommée, sans remiser l’utilisation de guitares électriques). « Gone », « Idols » et « Sisyphus » (encore…) sont donc ici expurgées de leurs apparats rock, pour une version plus intimiste, plus suggestive, ne conservant que leu substantifique moelle. Il en ressort des climats plus hivernaux et apaisants, qu’il fera bon écouter tranquillement au coin du feu (car comme le dit tonton Starck : « l’hiver vient ! »).

Malgré cette construction « tripartite », il ressort de son écoute une pertinence et une cohérence remarquables, qui font de cet EP un opus loin d’être accessoire dans la discographie de 7 WEEKS. Ramassé (25 minutes) et fort bien produit, il mérite une oreille attentive, laquelle succombera rapidement à l’envie de ré-écouter l’ensemble. De la belle ouvrage, indéniablement !