STRYPER
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Heavy Metal, Hard Rock

The Final Battle
Fabien
Journaliste

STRYPER

«A l'heure où la profusion des groupes conduit parfois à une relative homogénéisation des sons, rares sont ceux qui possèdent une identité musicale aussi forte que Stryper.»

11 titres
Heavy Metal, Hard Rock
Durée: 46 mn
Sortie le 21/10/2022
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Si l'on savait que les voies du seigneur étaient généralement impénétrables, on pouvait se demander si la voix du seigneur Mickaël était encore capable de pénétrer les esgourdes des pêcheurs que nous sommes. Le verdict est sans appel, sa sainteté Mickaël Sweet hurle sa piété comme s'il avait 20 ans et peut continuer à dispenser avec le brio qu'on lui connaît ses évangiles aux brebis égarées. Régulier comme un encensoir, le prosélyte quatuor californien vient mine de rien d'accoucher de son treizième album après quasiment 40 ans d'existence. A l'évidence, la parthénogenèse est réussie et « The final Battle » vient ainsi rejoindre la discographie plutôt conséquente d'un groupe qui 'enfer' et contre toutes les modes poursuit son chemin de croix à l'issue nettement moins douloureuse que l'originel.

Le hurlement dantesque de' Transgressor' donne d'emblée le ton, Père Sweet n'est pas là pour amuser la galerie et même s'il fut déjà coutumier jadis de ce genre de performance, reconnaissons que cette piqûre de rappel sur sa maîtrise vocale fait un bien fou. Reprenant là où un « Even The Devil Believes » (déjà roboratif) s'était achevé, la bande d'apôtres continue à délivrer un heavy solide qui s'évertue à décoiffer les tonsures approximatives des vieux rockeurs nostalgiques du white metal à l'ancienne . Effectivement, s'il peut légitimement en exaspérer certains par son côté prêchi-prêcha, le quatuor du comté d'Orange n'en demeure pas moins un témoin vivant et incontournable d'une époque qu'on pensait révolue.

Puissant et mélodique, Stryper ne modifie pas d'un iota la recette de sa calorique hostie. Alternant les uppercuts ('Ashes To Ashes' et sa batterie épileptique), les rythmiques reptiliennes ('Out, up and In' ou encore 'No Rest For The Wicked' et son phrasé gentiment warrantien), le groupe s'emploie et force est de constater qu'il récite son catéchisme avec une conviction impeccable, n'en déplaise à tous les blackeux dont la crise d'urticaire risque d'être sérieuse à l'écoute de 'Near' la ballade de rigueur sans laquelle Stryper ne serait pas Stryper.

Hormis cette sucrerie incontournable et que d'aucuns jugeront sûrement atrocement sirupeuse, Stryper force le respect par la rectitude avec laquelle il continue à tracer son sillon. A l'heure où la profusion des groupes conduit parfois à une relative homogénéisation des sons, rares sont ceux qui possèdent une identité musicale aussi forte que Stryper. Une voix divine, une batterie mammouthienne, des lignes harmoniques catchys en diable, des choeurs célestes, n'en jetez plus, la messe est dite et il ne vous reste plus qu'à aller à confesse pour vous soulager de tout le poids de vos écarts de conduite innombrables à n'en point douter.

Après le bourre-pif de Skid Row, voici l'absolution de Stryper et qu'on se le dise, les quinquas bientôt sexas bougent encore leurs carcasses percluses d'arthrose mais encore capables d'asséner quelques high kicks bien sentis à des niveaux que la décence oblige à taire.

Amen.