Par cette « Sainte Croix », faites vos jeux mais on ne peut pas dire que rien ne va plus pour le deuxième album de ce groupe français : les stéphanois tiennent même une main gagnante en abattant leur heavy qui emprunte principalement aux titres les plus rapides des derniers Judas Priest, et même Halford, pour la puissance et la modernité de leur son.
Tempos enlevés, sans aucun temps mort, on flirte avec le speed (le très réussi titre d'ouverture « Bad day (in the best of worlds) ») et le thrash (« Realm of madness »). Techniquement, rien à dire, tant transpire le talent des musiciens : commençons par les arrières, avec une section rythmique diabolique de précision, qui déploie l'étendue de son savoir-faire entre parties de double grosse caisse et breaks de basses. Les guitaristes, eux, ont clairement biberonné à Megadeth, Annihilator et consorts et mitraillent sans relâche riffs inspirés et solos abruptes.
Pourtant, ne nous y trompons pas, les bougres varient les plaisirs, comme en témoigne le titre « Inner Jail », qui naît dans une intro lente et acoustique, pour s'épanouir en un rythme furieux et un chorus entêtant. Enfin, l'atout du groupe est un chanteur évoluant principalement dans un registre « medium » et râpeux, mais qui peut s'aventurer tant dans le guttural (« Place your bets » et ses couplets réminiscences de « Sweating Bullets » de Megadeth, précité) que dans les refrains clairs, en passant par les aigus, avec voix de tête et vocalises halfordiennes (« Last chance » ou « Unleash the cross »).
Le seul bémol est que dans le registre où évolue Holy Cross, la barre est haute pour réellement frapper un grand coup après tous les glorieux prédécesseurs. Les plus grincheux regretteront un manque d'originalité, mais les fans des groupes cités plus hauts seront totalement comblés par cette livraison. Assez bizarrement, l'album se termine par une escapade du côté du glam, qui évidemment dénote avec le reste de ce « Place your bets », tant on a droit à la totale en la matière : tempo propre au headbanging, chorus « sucrés » et pont chanté à la Bon Jovi. Pourtant, l'interprétation étant parfaite, on ne leur tient même pas rigueur de cette digression.
Comme cette ultime chanson se conclut sur un enregistrement du groupe se concoctant manifestement un ptit apéro des familles, ne boudons pas notre plaisir et portons un toast à la future très belle carrière de nos compatriotes ! Santé !