«« No Need To Reason », un album où les bonnes idées du groupe se retrouvent noyées sous des morceaux moyens à l'exception de quelques titres lumineux d'intelligence et de grâce»
Kontinuum est un quintet islandais, aujourd'hui signé chez Season Of Mist, et qui évoluait, entre 2001 et 2010, sous le nom de Pornea. « No Need To Reason » est leur troisième album et United Rock Nations vous propose aujourd'hui de vous y plonger !
Et on commence sans tarder avec « Shivers » qui reprend des codes bien établis par le Dark Rock et l'Ambient Rock autour d'un contraste voix/guitares saturées très marquée, soutenue par une rythmique simple et minimaliste en apparence qui permet à la basse de Engilbert Hauksson de planer sur cette ligne musicale à la manière d'un oiseau de proie. Entre léthargie et colère sourde, Kontinuum nous emporte sans trop de peine dans un univers musical froid mais très construit. « Lifelust » a aussi con petit côté old school, en particulier grâce aux nappes électro qui habillent la discrète ligne de guitare qui répond à une basse décidément très présente dans les compositions du groupe. Mélodiquement, le morceau réserve son lot de surprises, évoquant parfois des groupes dans la lignée d'Enslaved avec leur album « E ». L'intelligence de la formation islandaise vient peut être surtout de leur capacité à créer et alimenter une atmosphère sombre mais jamais étouffante, noire mais jamais désespérée. Avec « Warm Blood », on retrouve presque l'ambiance de films comme « Only Lovers Left Alive », pour les amateurs de cinéma. Mais pour rester dans une description purement musicale, la voix de Birgir Thorgeirsson appuie une ligne musicale dans les graves et marquée par une forte saturation. Des touches de scream émaillent délicatement ces premières chansons.
« Neuron » semble calme le rythme avec une ambiance cosmique et aérienne, bien plus légère que ce que le groupe nous a proposé jusque là. Les groupes islandais semblent être nombreux à partager ce goût pour des morceaux lents, puissants mais toujours contrôlés, avec des émotions presque dissimulées et qui peuvent sembler distante, ce que Kontinuum illustre à merveille. Le titre éponyme, « No Need To Reason », incarne à merveille la diversité des groupes se revendiquant du Post-Black Metal. Bien loin des groupes phares de cette nouvelle génération comme Au-Dessus, pour ne citer qu'eux, Kontinuum revendique des influences nourries au Prog dans l'optique de proposer des chansons planantes qui se construisent majoritairement autour du duo de guitaristes Thorlakur Thor Gudmundsson et Ingi Þór Pálsson ainsi que du chanteur. Lenteur et mesure définissent à la perfection ce que le groupe nous a montré pour le moment. On continue cette découverte de ce nouvel album avec « Low Road », qui confirme une fois de plus qu'il faut entrer dans l'univers du groupe pour y trouver un intérêt ; sans ça, les compositions peuvent avoir l'air de toutes se ressembler. « No Need To Reason » fait visiblement parti de ces albums auxquels il faut pleinement se consacrer pour les comprendre et les ressentir.
Changement d'ambiance avec « Erotica », plus léger, joyeux et lumineux, bien que le groupe ne renonce pas à ses grosses lignes de guitare. Le riff se fait plus trépidant et la batterie de Kristján Gudmundsson accompagne cette course de plus en plus rapide. Si « Stargaze » est un joli morceau avec un pouvoir entêtant presque hynotique, il n'apporte néanmoins rien de transcendant. Manque de chance pour Kontinuum, leurs confrères islandais d'Árstíðir viennent de sortir leur album « Nivalis » également via Season Of Mist, et on va leur préférer cet album poétique et acidulé, aux atmosphères peut être encore plus diverses et riches, plus mouvantes et moins monolithiques. « Two Moons » est peut être LA perle qu'on attendait sur cet album tant la chanson se démarque par sa beauté et sa simplicité. Un voile de douceur pur tombe sur nous alors que la mélodie s'empare de nous. Ne vous privez d'ailleurs pas de l'écouter et de la réécouter ! On finit avec la superbe « Black Feathers » et avec le regret de se dire qu'on aurait préféré que tout l'album soit à l'image de ces deux dernières chansons : avec plus de relief…
Ce serait une erreur de dire que « No Need To Reason » est un mauvais album mais les meilleures idées du groupe semblent s'être éparpillées à travers des morceaux moyens dans l'ensemble, à l'exception de quelques petites merveilles dont « Two Moons » et « Black Feathers » font fièrement parti !