Après un premier album convaincant ''K-141'' sorti l'an passé en septembre 2015 en self release, le couple incorruptible (Aksaya en sumérien) Chs et Fy originaires de Montargis reviennent tout juste un an plus tard avec un second méfait toujours auto produit et distribué par le très dynamique label russe Satanath Records.

Comme pour l'album précédent, ''Kepler'' (en hommage au célèbre astronome), c'est Chs qui a tout écrit, Fy se chargeant de la batterie et autant dire que ça blast même si l'album est moins brutal que le précédent tout en conservant son esprit guerrier et en intégrant des touches plus mélancoliques et des plans galactiques ( 'Kepler', 'Laika').
Avec un line-up complet et stabilisé en intégrant au sein du combo Mat à la basse, Aksaya s'intéresse ici à la science et aux progrès technologiques en s'attardant sur le rapport entre l'homme et la machine délaissant ainsi l'image du Black Metal traditionnel pour délivrer une musique sachant conserver l'esprit old school de leurs ainés ('Anomalie, prélude à la découverte' (très heavy me rappelant presque du Maiden par moment), 'Tau Ceti E', 'K-701.04').

Première bonne nouvelle, l'album est plus long d'une dizaine de minutes et se partage en 8 chapitres sur un peu moins de 40 minutes et le chant en français reste la marque de fabrique du trio.

Globalement sombre et lourd, c'est avec le titre éponyme que les hostilités débutent sur un mid tempo et des riffs mélancoliques et gras. La mélodie est prenante et ne vous lâche plus tout en laissant la place au chant très marqué et nasillard de Chs donnant un côté terrifiant à la composition, d'autant plus marqué lorsqu'il narre son texte, à mi-parcours, sur un passage plus lourd. A l'instar de l'album, le titre est varié et saura marier rythme sobre et blast beats.

Il laisse place au puissant et brutal 'Laika' qui, bien que démarrant tranquillement, montera progressivement vers quelque chose de plus guerrier tout en sachant intégrer cette fameuse mélodie qui te pénètre le cortex et t'envahit! Le bruit du décollage de la fusée emportant la célèbre chienne dans l'espace, suivi du plan mélancolique marque le non retour de l'animal dont l'expérience aura fait avancer la science et donc l'humanité.

Dans la même lignée brutale, succède 'Fractal' à l'ambiance terrifiante avec un chant dérivant sur du growl death par saccade. Le morceau est pesant et angoissant et démontre la panoplie de jeu du musicien qui avec les deux chansons suivantes 'Anomalie, prélude à la découverte' et 'Tau Ceti E' va emmener l'auditeur vers des contrées plus old school et une touche heavy marquée sur la première composition et plus de dissonance pour la seconde. L'esprit sombre et mélancolique plane naturellement sur ces deux titres et sera conservé sur le plus épique 'Syn 1.0' au dernier tiers fracassant tellement ça tartine ! Fy est en mode blast beats effréné et le texte est terrifiant ''l'homme n'a plus sa place''...

Fort de ce final dévastateur, la galette enchaine avec le direct et efficace 'K-701.04' alternant blast beats et tempo lourd, pesant même, au son des riffs old school et envoûtants au final mélancolique tirant vers le néant; il laisse place au martial et fédérateur 'Non Morietur' (à retrouver en fond de chronique) dont la musique monte progressivement avec un discours de propagande en fond. Le titre démarre vraiment après plus d' une minute trente d'intro avec des riffs dissonants et dérangeants dont le rythme alternera entre calme et férocité. Chs y va de son chant le plus atroce possible accentuant le côté inquiétant de l'ambiance, au final à la fois doux dans la mélodie et brutal par son arrêt net.

Après s'être intéressé aux faits divers marquant de notre civilisation avec ''K-141'', Aksaya nous fait voyager dans un espace galactique sombre et inquiétant en s'attachant au mariage de l'homme et de la technologie . Comme reparti d'une page blanche, 'Kepler' est une réussite et offre un univers différent du précédent opus avec une production soignée et un thème globalement réaliste. Un album qui s'écoute à plusieurs reprises et qui devient attachant! A découvrir sans plus attendre.

Anibal Berith