THY CATAFALQUE
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Avant-garde Metal
Chroniques
Alfold
2023

Geometria
Chozo Tull
Journaliste

THY CATAFALQUE

«Thy Catafalque ne faiblit pas et nous livre un disque long, dense et traversé d'influences éclectiques. Une réussite !»

11 titres
Avant-garde Metal
Durée: 55 mn
Sortie le 04/05/2018
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Thy Catafalque n'est pas un nom que l'on entend souvent dans les cercles metal - one-man band hongrois basé au Royaume-Uni, le groupe a gagné les coeurs des amateurs de brutalité de niche à la fin des années 90, avec une musique d'avant-garde qui lui a toujours valu un grand succès auprès de son petit nombre d'admirateurs. Geometria ne manque pas à la règle, et Tamas Katai livre ici un très bon disque, entouré de plusieurs collaborateurs, qui contribuent à la variété et à la richesse de l'album - mais qui pourraient dérouter ceux en attente de black et post-black pur et dur.

Car sur cet album, Thy Catafalque évolue entre metal progressif moderne (les riffs martelés de ''Szamojéd Fresko''), ambiance à la Opeth (''Lagyrész'' et ''Enek a buzamezrokol'') et musique pop et électronique (''Töltés'', ''Hajo'') qui ne sera pas du goût de tout le monde. Manque de bol pour les puristes, c'est totalement ma came - déjà parce qu'il est plaisant d'entendre une personnalité musicale telle que celle de Katai décliner sa créativité dans plusieurs genres et sous plusieurs formes, et ensuite parce que cela confère au disque une courbe dynamique efficace et bienvenue : les morceaux les plus heavy sont immédiatement appréciés comme tels - la rythmique de ''Sik'', si elle n'est pas des plus complexes, fait du bien par où elle passe, en tandem avec ''Lagyresz'', deux morceaux metal qui passent après un premier moment du disque plus doux.

Attention toutefois, car cela ne signifie pas que Geometria soit constitué de courtes (et moins courtes) vignettes sonores avec à chacune un genre assigné sans véritable cohérence musicale. D'abord, parce qu'il y a comme dans tout album de Thy Catafalque une certaine mélancolie, une ambition mélodique mais aussi un sens de l'harmonie qui fait plaisir aux oreilles - là où d'autres groupes (mêmes ''progressifs'') se cantonnent à des recettes et à suivre des modes, les morceaux de Geometria se succèdent et l'auditeur va de surprise en surprise : le violon déchirant de ''Tenger, tenger'', la belle mélodie au centre de ''Lagyresz'', la ligne instrumentale à la fin de ''Balra a nap'' qui virevolte autour d'une rythmique pas si évidente ... Geometria n'est pas un album qui s'apprivoise à la première écoute - il faut du temps pour naviguer dans ses cinquante-cinq minutes. Le premier morceau, ''Hajnali Csillag'', qui est également le plus long de l'album (8:15) annonce la couleur : la composition passe de phase en phase, de synthé atmosphérique en batterie jazz, d'un violon à un beau refrain porté par la voix de Martina Veronika Horvath que l'on retrouve tout au long de l'album et dont les intonations hantées fonctionnent très bien ici. Dès le début du disque, on est donc déjà porté, balloté entre les genres et les influences. Et c'est une joie.

Pour un one-man band, Tamas Katai est ici bien entouré (violon, voix masculine et féminine, saxo ...) mais mène tout à la baguette de son travail et de son inspiration. L'album est une véritable réussite et plaira certainement notamment aux fans de musique éclectique et de metal un peu schizophrène. On en veut plus !