«Avec ce troisième album totalement captivant et mélodiquement riche, Force Majeure nous prouve qu'il ne faut pas seulement s'appeler « Stratovarius » pour mériter de dignes égards.»
Dans cette vie quotidienne si pressante, oppressante, se caractérisant par des attentes de surproduction, de surinvestissement des citoyens, c'est toujours la course contre le temps. Nous avons 1000 choses à faire et si peu d'espace temporel pour les réaliser. Il y a ceux que ça heurte à travers un gros stress rongeur et puis, il y en a d'autres qui semblent totalement imperméables à ces contraintes méta-humaines. C'est à cela que je pense en évoquant ces très sympathiques Finlandais de « Force Majeure ».
Pourquoi diable ose-je prétendre une telle chose ?
C'est avec plein de gentillesse que je rappelle que du haut de leurs 19 années d'existence, nos chers amis ont montré qu'ils prenaient le temps de faire les choses. :
- Une première Démo sortie 3 ans après leur création officielle ;
- Toujours 3 années entre les sorties de leur premier et second opus ;
- Cette fois 6 ans avant l'arrivée de la nouvelle galette…
Devrons-nous attendre 6 ans supplémentaires pour le 4ème ?
On se le demande déjà !
Bref, les fondateurs de cette entité musicale, en l'occurrence les 2 braves guitaristes Jussi Reuhkala et Eemeli Ojanen nous donnent des signes de vie.
Mais qui connaît ce groupe venant de Järvenpää, petite Ville de 40 000 habitants ?
Oui…je vois…
Pour leur accorder l'attention qu'ils méritent, je puis vous dire qu'ils oeuvrent dans le monde du Power mélodique.
Ha, bien, je vois des yeux s'ouvrir, des oreilles se tendre…
En vérité, je vous le dis, Force Majeure est un groupe qui vaut franchement la peine d'être découvert. Non pas à travers l'apport d'une révolution fondamentale dans l'univers Power mais surtout à travers l'énergie qu'ils donnent pour transmettre.
C'est bien de cela qu'il s'agit.
Pour évoquer leur carrière, je ne saurais rien vous dire sur leur premier album car, comme vous, il y a quelques temps, je ne les connaissais pas du tout.
Par contre, c'est en écoutant quelques pistes de leur second album « Saints of Sulphur » (2011) que j'ai totalement décollé. Je ne résiste pas à vous en donner un échantillon via le titre éponyme… youtu.be/cObtEXgvOmg
C'était bien mené, rythmé, captivant ; bref succulent.
Dès lors, une seule envie s'ancrait en moi, plonger sur ce nouvel album et espérer y retrouver les mêmes sensations…Rohhh ce « Crushblade » !!! Je découvrais un super chanteur, Ricky Tournee, parvenant à me conduire là, bien perché dans l'ambiance musicale dûment défendue.
Mais voilà, le temps s'est écoulé…Ricky s'en est allé, remplacé par Marcus Lång, encore peu connu en Belgique et en France.
Le groupe a sorti en 2014 un timide single, histoire de présenter son nouveau vocaliste.
Et après ?
Facile, …3 ans d'attente pour découvrir « Gemini Rising » en juin de cette année et « Apocalyptic Hearts » en août.
Je retrouve le batteur de ce superbe second album déjà évoqué, à savoir Jaakko ''Jake'' Nylund et le bassiste Tuomas Väänänen, arrivé en 2001 et donc, dinosaure avéré parmi les 2 créateurs.
Alors, était-il possible de retrouver ce même bonheur issu d'une bien belle découverte ?
Clairement, oui, nous retrouvons toute la richesse dégagée par les superbes compositions mettant à l'honneur de bien dignes mélodies.
Les 2 singles évoqués dégagent un solide peps musical et entrent directement dans vos conduits auditifs pour enchanter votre cerveau.
Le riffing est bien exécuté, le son m'apparaît très correct. La batterie cogne avec intelligence et je retrouve le jeu de basse complètement en électron libre, se frayant des libertés appréciables par rapport à la rythmique frappée dans des dimensions bien changeantes. Tuomas a l'art de faire vrombir son manche avec des sonorités groovées équivalentes aux qualités intrinsèques d'un Steve Harris.
« Blessed by the Wolves » poursuit avec la même efficacité, nous dévoilant un superbe refrain totalement prenant. Les musiciens jouent vite mais sans verser dans le speed. C'est aussi l'occasion de découvrir les qualités vocales de Marcus. C'est bien dans ce poste que se situe la plus grande surprise. Là où Ricky Tournee dégageait une puissance de feu, une véritable énergie de vie parfaitement en osmose avec les constructions musicales, Marcus se distingue par un chant plus lyrico-mélancolique assez riche dans ses modulations ; un peu comme si Josh Groban se mettait au Heavy Power.
C'est en savourant le magnifique morceau « Church of Steam » que vous risquez de me comprendre. Cette perle démarre dans une contrée atmosphérique et les arrangements aident à vous faire voyager. Le mid-tempo est activé et le groupe nous promène allègrement jusqu'à un apothéotique refrain, prenant à chaque fois plus de hauteur. C'est une véritable perle de l'album.
Au gré des écoutes, vous entrerez dans le monde de Marcus et comprendrez aisément que nous n'avons pas affaire à un usurpateur qui n'aurait pas sa place aux côté de ces musiciens de qualité. à l'écoute de « The Great Starfall », nous découvrons qu'il tire aisément son épingle du jeu.
Sur « Pantheon of My Passion », les Finlandais nous replongent dans un revival du Métal d'antan, heavy classique ponctué d'un chant « Scorpionesque »…et votre oreille est titillée par un petit effet sonore chargé de vous maintenir en éveil. Un petit extrait de batterie à la Guns N'Roses vous fera sourire.
Et puis, c'est le moment de découvrir le morceau le plus agressif de l'album et le plus époustouflant, « The Darkening » qui part dans la vitesse, secondé par un chant plus rapide, plus mordant. Et à la 2ème minute et 40ème seconde, explosion du jeu de batterie de « Jake » qui se lance dans une frappe Death/black dantesque. Le chant monte d'un cran, les guitares maintiennent la pression d'une mélodie bien calibrée. Ce tube est fabuleux, les amis.
Toujours en gardant sa griffe de Power soignant les parties mélodiques, « Subarctic Showdown » clôture l'album dans un esprit assez proche des légendaires « Speedeux » d'Helloween. Marcus nous offre un chant plus pausé, sans s'engouffrer dans l'accélération des guitaristes.
En conclusion, ce 3ème album m'apparaît être tout bonnement superbe, prenant et addictif.
Il y a du travail sans verser dans la démonstration technique et c'est par cette apparente fluidité architecturale que nous pouvons ressentir tout l'éclat des Finlandais.
J'ai succombé, je suis devenu totalement fan de ce « The Rise of Starlit Fire » qui mérite toute votre attention.
Mais qu'il est agréable de découvrir de tels talents.
Et c'est bien en cela que nous aimons le Métal.