«Cet E.P. "Fires in the North" nous montre une approche plus terrestre du concept véhiculé par nos musiciens sous l'égide d'une autre chanteuse de grand talent".»
Avril 2016, une information très surprenante tombait. Notre Liv Kristine adorée prenait le large, quittant le projet Leaves’Eyes, son bébé porté depuis 13 ans avec des membres Teutons d’Atrocity, dont son très cher mari, Alexander Krull.
C’est que Leaves’Eyes, c’est une production de 6 albums qui sont assez corrects, posant les jalons d’un bon métal symphonique, tantôt épique, parfois plus typé Folk, et globalement, de sacrées bonnes compositions. Je n’exagère rien en disant que le band fait partie des meilleures formations du genre sur la scène mondiale.
Ce départ, c’est un sale coup pour les fans. Nous connaissons tous l’emblématique chanteuse à la voix cristalline, nous transportant dans des dimensions insoupçonnées. Le groupe peut-il se remettre d’une telle perte ?
Mais c’est avant toute chose, un sale coup dur pour les membres rodés entre eux et au vu des liens forts entre certains artistes.
Aussi, Alexander, loin d’être un imbécile, a tout de suite senti la pertinence de poursuivre l’aventure. Il sait mieux que quiconque le bon potentiel de la machine Leaves’Eyes qui ne se résumait pas à sa blonde perle.
Il a donc opté pour travailler avec Elina Siirala, chanteuse chez les métalleux mélodiques Anglais d’« EnkeliNation ».
Avez-vous déjà posé les oreilles sur un titre de ce groupe ?
Ecoutez donc le fabuleux « Last Time Together » pour la découvrir !!!
Vous comprendrez nettement mieux la finesse du choix.
United Rock Nations a comme philosophie de vous dire les choses toujours avec le plus grand respect, en considérant bien les enjeux.
Et là, je souhaite d’abord réagir à un propos tenu par un confrère d’un site concurrent. Je lisais dans sa chronique que Leaves’Eyes, c’était le choix peu judicieux porté sur Elina, malgré une musique qui reste techniquement belle et bonne. C’était aussi profaner l’essence du groupe sur son concept Viking que de mettre une chanteuse lyrique qui « n’avait rien à voir avec l’univers » chanté par notre superbe Liv, émérite Norvégienne.
J’ai beau emprunter les durs chemins de la sagesse dans mon quotidien, mais là, je souhaite exprimer un désaccord total avec une telle argumentation.
Elina, si, nous l’avons vu, joue dans un groupe Anglais, elle n’en reste pas moins originaire de Finlande, et présente donc des sources culturelles interpénétrées de l’histoire Viking. Alors le coup bas de l’illégitimité conceptuo-culturelle, je pense que nous pouvons clairement le déposer à sa plus juste place : la poubelle des jugements arbitraires.
Au niveau chant, Elina verse dans le lyrisme, oui, c’est exact, mais allons plus loin…
Elina possède un très beau timbre vocal, je la classifierais dans le style de Tarja Turunen.
Dès lors, à l’écoute des 3 titres repris sur le dernier album « King of Kings » sorti en septembre 2015, nous découvrons une toute autre dynamique générale.
Sur « Edge of Steel », nous retrouvons les splendides accords avec un chant nous accrochant davantage à la terre, à ce qu’elle a vécu comme patrimoines sanglants des plus grandes conquêtes. Le growl ponctuant les mélodies d’Elina nous transporte dans un bon trip nettement plus épique. C’est guerrier, ça remue.
Sur « Sacred Vow », nous découvrons aussi la capacité d’Elina à créer un pont avec la dimension plus typée Folk. Elle apporte une sorte d’élan dans l’histoire de base.
Sur « Sword in Rock », le pont est franchi, Elina nous berce dans la pleine essence du Folk, vous prenant le bras et vous faisant tourner autour du feu de camps. Prétendre que nous n’avons pas ici affaire à une forme de haute esthétique serait emprunter le chemin de la mauvaise foi.
Là où notre géniale Liv Kristine nous emmenait dans un chant féérique, fantastique, Elina nous emmène dans un chant plus compact, plus empli, solide, « Walkyrien » et donc, certainement pas en décalage avec l’univers premier du groupe. Je retrouve l’esprit Nordique, renforcé aussi par nos musiciens germaniques. Rien n’est dénaturé, il s’agit juste d’une toute autre transposition.
Oui, cela sonne différemment. Mais si j’évoque le brio de Liv, je constate aussi le brio d’Elina qui parvient à me toucher. L’ensemble reste très bon.
Si nous voulons sortir de la comparaison, fonçons sur le tout nouveau titre offert par cet E.P. : « Fires In The North » qui nous montre une excellente construction musicale, des riffs placés où il faut, des chœurs transcendants, et une bonne profondeur de chant. Le refrain est magnifique, on s’approprie d’emblée le titre. Très beau travail.
Ce titre éponyme de l’E.P. sera aussi transposé dans une version acoustique qui va vous surprendre. Elina parvient aussi à élever une grande spiritualité qu’elle adresse non seulement à l’auditeur mais aussi à Thor en personne.
Cet E.P. n’est pas inutile, il nous fait découvrir un tout autre potentiel, une relecture des bases d’antan qui n’appauvrissent en rien l’esprit, la magie du combo.
Nous devons aussi faire confiance au principe d’homéostasie qui apportera son lot de surprises. Liv rebondira, on la sait déterminée et avec un tel potentiel, point de mourrons à nous faire.
Leaves’Eyes, nous montre quant à lui, qu’il a déjà rebondi et avec haute pertinence.
Petit message à mon patron, « Boss, réserve moi d’office le prochain album du groupe STP, j’ai hâte d’en entendre plus !!! ».
En conclusion, avec l’E.P. « Fires in the North », Leaves’Eyes nous montre qu’il a construit un autre devenir, nous ramenant plus dans une dimension terrestre, tout en gardant sa capacité productrice de haute majestuosité musicale avec une nouvelle chanteuse qui a tout pour nous plaire.