THE UGLY KINGS
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Hard Rock

Darkness Is My Home
Chozo Tull
Journaliste

THE UGLY KINGS

«Un album simple et efficace, pour les fans de sons fuzzy bluesy.»

9 titres
Hard Rock
Durée: 40 mn
Sortie le 13/04/2018
6908 vues
Cela fait maintenant un petit moment que le fuzz sale est rentré dans le vocabulaire rock mainstream. Entre le stoner, le psyché, le desert rock et j'en passe, l'esthétique du gros groove sale et de la saturation big muff dans des rythmiques blues a fait son bonhomme de chemin. Et c'est exactement ce que nous propose The Ugly Kings avec cet opus. Pour ceux en manque de gros rock en mode américain vintage, il se pourrait bien que vous trouviez votre bonheur. Double bonus si vous aimez bien les barbes.

L'esthétique du disque est marquée : un blues rock crasse, centrée sur des riffs plus que sur des soli, avec des grosses percus qui appuient des grooves carrés. De ce point de vue, ''Black Widow'' donne un bon aperçu du style dominant du disque : basse crunchy, batterie marquée, riff fuzzé mi-QOTSA mi-Volbeat. On pourrait en dire autant de ''Love Enemy'', qui déroule son propos avec efficacité mais sans réelles surprises - on trouverait même la ligne de guitare lead assez peu inspirée. A vrai dire, on pourrait en dire autant du reste de l'album : le groupe propose une musique aux enjeux claires, mais ne prend que très peu de risques. Comme d'hab, cela est laissé à l'appréciation de l'auditeur : si vous êtes plutôt conservateur niveau hard rock et que les rythmes obstinés avec une section instrumentale assez épurés (''Raging Bull'') vous plaisent, vous serez en territoire allié.

Rendons à César ce qui est à César, le disque n'est pas exactement monotone. Il y a parfois dans les riffs quelque chose de Deep Purple dans la manière dont les phrases sont ciselées, encore dans ''Raging Bull'' d'ailleurs, ou dans ''''Little Birdy Told Me'', où l'on sent que The Ugly Kings n'est pas un groupe monomaniaque et tente de puiser dans différentes sources d'inspiration - n'y a-t'il d'ailleurs pas un peu de Led Zep dans ''The Promised Land'', le single du disque, qui ouvre l'album ? Un peu. Et puis les arrangements de ce morceau ne sont pas plats, le groupe tente d'apporter du relief. Pareil pour ''The Fire'', le slow burner en queue de peloton, plus long morceau de l'album, ou The Ugly Kings s'adonne à des tendances légèrements plus psychédéliques. ''Killing Time'' commence par une idée plus pop, une interaction guitare-voix somme toute plus proche d'Oasis que de Clutch. Mais le morceau reste statique et peine à décoller.

Puisqu'on parle des surprises réservées par l'album, on ne peut pas occulter la reprise de ''Lazarus'' de Bowie. Déjà, parce que David Bowie incarne une esthétique à la fois plus british et androgyne là ou les Rois Laids ont une pose plus virile et américaine. Ensuite parce que ''Lazarus'', single de Blackstar, ne fait pas vraiment partie du canon Bowien classique - ''Life on Mars'', ''Space Oddity'', ''Heroes'' ... Mais le choix est heureux : ''Lazarus'' est en effet un morceau lourd de sens et de pathos que The Ugly Kings manipule avec succès, rendant les percussions plus acérées et le propos évidemment plus rock. On regrette tout de même que justement, il n'aient pas rendu ce morceau encore plus lourd, avec plus de couches de son, plus de bruits, plus de bordel, surtout que lorsque les premiers accords retentissent, on sent tout de suite qu'il y a de l'ambition - mais là où les guitares du couplet s'épanchaient dans une reverb d'acier, on s'arrête à des power chords sans beaucoup d'impact.

En fait, c'est une critique qu'on pourrait généraliser à l'album : si The Ugly Kings ont du talon, leur production reste encore un peu sage, et leur rock somme toute assez propre pour un groupe dont les influences semblent être le blues poussiéreux (''You and Me'') et le gros rock aux envies de stoner plus récent, mais toujours vintage dans l'esprit fuzzé. Un album somme toute plus que correct, mais qui s'ajoute à une longue liste d'exercices de style, et qui repart un peu comme il est venu.